Mercredi 23 Avril 2025

Automobile : Nissan vacille sous le poids des surtaxes américaines

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Nissan Motor Co. se retrouve dans la tourmente, confronté à une crise existentielle aggravée par l’imposition de nouvelles surtaxes américaines sur les véhicules importés. Déjà fragilisé par un niveau d’endettement élevé, des pertes persistantes et l’échec de son rapprochement stratégique avec Honda, le constructeur japonais voit son plan de redressement mis à rude épreuve.

Depuis début avril, les États-Unis appliquent une taxe de 25 % sur les voitures importées. Un choc direct pour Nissan, qui réalise près d’un tiers de ses ventes mondiales outre-Atlantique, dont 45 % proviennent du Japon et du Mexique. Selon les analystes de Bloomberg Intelligence, absorber intégralement cette taxe sans la répercuter sur les consommateurs pourrait coûter au constructeur jusqu’à 2,7 milliards d’euros par an.

“Contrairement à Toyota ou Honda, Nissan ne dispose pas d’une base de profits suffisamment robuste pour amortir un tel choc”, explique Tatsuo Yoshida, analyste chez Bloomberg Intelligence. Le groupe table déjà sur une perte nette de 500 millions d’euros pour l’exercice clos en mars.

Malgré une production partielle de son SUV Rogue aux États-Unis, l’essentiel de la gamme reste tributaire d’usines mexicaines, une exposition aujourd’hui pénalisante. Nissan a suspendu ses projets de réduction de capacité à Smyrna (Tennessee), maintenant en activité une ligne de production supplémentaire du Rogue. Il prévoit en parallèle d’abandonner la commercialisation de deux modèles SUV assemblés au Mexique.

Ajustement de prix ou relocalisation ?

À court terme, Nissan devrait revoir à la hausse les prix de ses modèles importés. Une stratégie risquée, selon les analystes, si les concurrents ne suivent pas la même voie. “Une hausse unilatérale des prix ferait immédiatement chuter les volumes de vente”, alerte une source industrielle.

Transférer une partie de la production vers les États-Unis constitue une piste évoquée. Mais les experts préviennent : bâtir des capacités, adapter les chaînes, sécuriser les fournisseurs américains – un tel mouvement prendra au moins deux ans. “C’est une option coûteuse, sans garantie de viabilité à court terme”, estime Todd Duvick, analyste chez CreditSights.

Le constructeur, qui manque cruellement de modèles hybrides sur un marché de plus en plus tourné vers l’électrification, s’expose à une perte de compétitivité durable. Sa faible présence dans le segment des véhicules électrifiés, très prisés aux États-Unis, complique davantage sa position stratégique.

La menace d’un tournant structurel

Alors que l’administration américaine renforce sa volonté de réindustrialisation, les constructeurs étrangers doivent revoir leurs chaînes d’approvisionnement. En cas de prolongation des mesures protectionnistes, Nissan risque de voir ses marges s’éroder et sa trésorerie mise sous pression. “Même si cela ne constitue pas un coup mortel pour Nissan, cela pourrait certainement rendre son plan de redressement et sa survie à long terme plus difficiles”, conclut Duvick.

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