TOKYO (Reuters) - L’économie japonaise a défié les pronostics en affichant une croissance au premier trimestre 2019, stimulée par une contribution positive du commerce extérieur qui masque un repli inquiétant de la demande intérieure et de l’investissement.
Le produit intérieur brut (PIB) de la troisième économie mondiale a augmenté de 2,1% en rythme annualisé en janvier-mars, montrent les statistiques officielles publiées lundi, après une hausse révisée de 1,6% sur la période octobre-décembre.
Les économistes interrogés par Reuters anticipaient en moyenne une contraction de 0,2%.
D’un trimestre sur l’autre, le PIB a augmenté de 0,5% au lieu de la stagnation attendue.
Le commerce extérieur a contribué à hauteur de 0,4 point à la croissance mais uniquement à cause d’une baisse plus forte des importations que des exportations.
Les premières ont chuté de 4,6%, leur plus forte baisse en une décennie, tandis que les exportations ont reculé de 2,4%, ce qui ne s’était plus vu depuis 2015.
Egalement orientés à la baisse, la consommation privée a diminué de 0,1% et l’investissement de 0,3%, un mauvais signal pour les autorités qui tablent sur une solide demande intérieure pour compenser le repli des exportations.
Coupant court à tout nouveau débat sur la hausse de la TVA programmée pour cet automne, le ministre de l’Economie Toshimitsu Motegi a affirmé que la hausse de deux points, à 10%, entrera bien en vigueur en octobre.
“Nous maintenons notre analyse selon laquelle les fondamentaux qui soutiennent la demande intérieure restent solides”, a-t-il dit à la presse après la publication des chiffres du PIB.
Mais certains économistes soulignent que le Japon, affecté par le ralentissement économique chinois et la guerre commerciale entre Washington et Pékin, doit se préparer à d’autres trimestres difficiles.
“Les composantes les plus importantes du PIB sont négatives”, commente Hiroaki Muto, chef économiste au Tokai Tokyo Research Center. “L’économie a déjà atteint son pic et il est probable qu’on se dirige vers une récession modérée. Nul n’objecterait à un report de la hausse de la TVA.”
“La consommation des ménages va vraisemblablement rester atone parce que les salaires augmentent peu”, renchérit Kentaro Arita, économiste au Mizuho Research Institute. “Au deuxième trimestre, le PIB pourrait être de zéro ou légèrement négatif en l’absence de reprise des exportations. Cela, conjugué à la faiblesse des dépenses d’investissement, signifie qu’il y a un risque de récession.”
Publiés le 13 mai, les indicateurs avancés japonais dénotaient un risque de récession en raison de l’impact du ralentissement économique chinois et de la guerre commerciale sur la production industrielle et les exportations de l’archipel.