FRANCFORT (Reuters) - Ford va supprimer 12.000 emplois en Europe d’ici la fin de l’année prochaine pour renouer avec la rentabilité, le constructeur, comme ses pairs, voulant réduire ses coûts au vu de la stagnation de la demande et investir massivement dans les voitures à faibles émissions.
L’action Ford prenait 2,62% à 10,17 dollars dans les premiers échanges à la Bourse de New York, affichant l’une des plus fortes hausses d’un indice S&P-500 en progression de 0,42%.
Les constructeurs automobiles en Europe rationalisent leurs modèles et cherchent à réduire leurs coûts fixes en raison d’un basculement généralisé du secteur vers les voitures électriques, autonomes et connectés, qui nécessite de lourds investissements et répond au durcissement des règles en matière de pollution.
La filiale en Europe de Ford, déficitaire depuis des années, est en outre sous pression depuis que son principal rival américain General Motors a cédé ses marques européennes Opel et Vauxhall au constructeur français PSA.
Ford a déclaré qu’il fermerait trois sites en Russie, un en France et un autre au Pays de Galles. Le personnel sera réduit dans ses usines à Valence (Espagne) et Saarlouis (Allemagne).
Le constructeur a refusé fin février le projet de reprise de son usine Ford Aquitaine Industrie (FAI) à Blanquefort (Gironde)présenté par le groupe belge Punch.
Avec la cession du site Kechnec Transmission, en Slovaquie, à Magna, les usines de production de Ford seront ramenées à 18 contre 24 actuellement.
“Nous avons largement achevé les consultations avec les partenaires sociaux concernant les actions de restructuration”, a déclaré Stuart Rowley, président de Ford Europe, à Reuters.
D’ici fin 2020, environ 12.000 emplois dans les usines détenues en propre par Ford ou via des coentreprises en Europe seront supprimés, essentiellement par des départs volontaires, a dit le groupe.
Environ 2.000 de ces suppressions concernent des salariés bénéficiant d’un contrat fixe. Ces suppressions font partie des 7.000 déjà annoncées par le groupe en mai dernier dans le cadre d’un vaste de plan de restructuration destiné à lui faire économiser 600 millions de dollars (529,2 millions d’euros) par an. Le reste des suppressions concerne des contractuels.
Ford emploie 51.000 personnes en Europe et 65.000 en intégrant les effectifs de ses coentreprises.
Le groupe avait déclaré en janvier vouloir supprimer des milliers d’emplois, fermer des usines et arrêter la production de véhicules non rentables pour parvenir à une marge opérationnelle de 6%.
Les immatriculations de voitures neuves devraient se contracter de 1% cette année dans l’Union européenne, a prédit jeudi l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA), qui tablait auparavant sur une augmentation de 1%.
En volume, l’ACEA prévoit désormais qu’un peu plus de 15 millions de voitures neuves seront vendues cette année dans l’UE.
Les ventes de voitures vont stagner ou diminuer au cours des trois prochaines années, estime pour sa part AlixPartners, dans une enquête publiée cette semaine.
Ford veut doubler la rentabilité de sa division de véhicules utilitaires en Europe sur les cinq prochaines années, grâce notamment à une alliance avec Volkswagen et une restructuration de sa coentreprise Ford Sollers en Russie.
Le groupe américain a annoncé cette année son intention de sortir du segment des multivans, afin de se concentrer sur le développement de versions électrifiées de ses SUV et “crossovers” plus rentables.
Ford veut également tripler ses importations de voitures en Europe d’ici 2024 en y vendant notamment des Mustang et des Explorer, dont un modèle électrique fin 2020.