En matière de Finance islamique et de produits de microfinance, le Maroc a beaucoup à apprendre du Sénégal, pays où l'informel est pris en compte par la politique publique avec un département d'Etat dédié. La Banque Islamique de développement (BID° en a d'ailleurs fait un laboratoire à ciel ouvert pour l'expérimentation de produits financiers à caractère islamique.
Ce lundi, la BID a annoncé travailler avec le gouvernement du Sénégal pour la création d'une institution de microfinance islamique dans le pays et la mise en place d’un "waqf" destiné au secteur de l’éducation. Le Waqf (ﻭﻗﻒ) est dans le droit islamique, une donation faite à perpétuité par un particulier à une œuvre d'utilité publique, pieuse ou charitable, ou à un ou plusieurs individus. Le bien donné en usufruit est dès lors placé sous séquestre et devient inaliénable. Au Maroc, cette pratique est plus connue sous le nom de Habous.
Dakar pourrait bien être un hub régional pour la finance islamique, avec l’engouement du secteur privé pour ce mode de financement. Rappelons également que la BID et le Sénégal ont déjà réussi des levées de fonds par Sukuk dans le cadre du financement du Trésor sénégalais. La première opération avait permis au gouvernement de mobiliser 100 milliards de frs CFA en 2014. Une deuxième opération de 200 milliards de francs CFA vient d’être clôturée avec succès cette année. Là aussi, le Maroc accuse un sérieux coup de retard, puisque ces fameuses émissions de Sukuk sont nécessaires avant le démarrage de l'activité de nos banques participatives. Pour l'instant, ce projet est à l'étude entre le ministère des finances, Bank Al-Maghrib et le Trésor.