(Reuters) - La Banque centrale européenne devrait attendre jusqu'en septembre avant d'annoncer un virage vers une réduction de sa politique ultra-accommodante, montre une enquête Reuters auprès d'économistes publiée vendredi.
L'amélioration de la croissance économique en Europe et les commentaires des responsables de la BCE ont renforcé les attentes autour d'un changement de la politique l'institution de Francfort, vraisemblablement sous la forme d'une annonce de la réduction de ses achats d'actifs, même si les anticipations d'inflation ne plaident pas pour un tel changement.
Les rendements obligataires en Allemagne et dans la zone euro sont brusquement remontés ces dernières semaines et cette tendance devrait s'accentuer au cours de l'année à venir, selon différentes enquêtes Reuters effectuées au cours des dernières semaines auprès de gérants de fonds, de stratèges en revenus obligataires et d'analystes en devises.
La croissance économique de la zone euro devrait rester forte mais stable jusqu'à la fin de 2018, montre la dernière enquête Reuters auprès de plus de 75 économistes. Mais les analystes ont réduit légèrement les anticipations d'inflation pour cette année par rapport à il y a un mois.
Le plan d'action le plus probable de la BCE en septembre est d'annoncer une réduction de ses 60 milliards d'euros d'achats mensuels d'actifs, probablement dès le début de 2018, montre une enquête.
"Notre scénario de base est que (la BCE) ne précisera pas les détails en septembre mais elle donnera une indication très claire qu'une réduction est dans les tuyaux", a déclaré Carsten Brzeski, chef économiste chez ING.
"Elle est confrontée au même problème que tant d'autres banques centrales, à savoir une reprise cyclique de la croissance sans pression inflationniste", a-t-il ajouté.
Le défi pour la BCE est également de préparer les marchés à une réduction de ses achats d'actifs sans pour autant créer un vent de panique autour de cette réduction, a-t-il expliqué.
Un peu plus d'un quart des économistes interrogés ont déclaré que la BCE n'annoncerait aucun changement en septembre. Une proportion similaire d'économistes prédit une extension de son programme d'assouplissement quantitatif (QE) au-delà de décembre mais avec une réduction du montant des achats mensuels d'actifs.
"Le ton qui sera adopté en juillet donnera des indices pour savoir si l'ajustement de la politique (de la BCE) en septembre ou en octobre", a déclaré Claus Vistesen, économiste au Panthéon.
Un peu plus de la moitié des personnes sondées (56%) pensent que la BCE ne modifiera pas ses orientations sur la politique monétaire lors de sa réunion de la semaine prochaine.
Le Wall Street Journal a rapporté jeudi que la BCE devrait annoncer lors de sa réunion de politique monétaire du 7 septembre que son programme de rachats d'actifs sera progressivement réduit l'an prochain.
Le président de la BCE, Mario Draghi, pourrait donner le prochain indice sur ses projets à la fin du mois d'août, avait ajouté le quotidien américain.
Jeudi, s'exprimant à l'antenne d'une radio lettone, Ilmars Rimsevics, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, a cependant démenti cette information.
Le programme d'achats d'actifs de la Banque centrale européenne pourrait continuer pendant au moins "deux ans" en raison de la faiblesse de l'inflation dans la zone euro, a-t-il dit.
L'enquête Reuters suggère que la BCE ne devrait pas augmenter ses taux d'intérêt avant le quatrième trimestre 2018. Ensuite, la banque centrale devrait relever son taux de dépôt de 10 points de base contre -0,4% actuellement.
Les prévisions médianes montrent que le produit intérieur brut augmentera de 0,4% par trimestre d'ici la fin de 2018 dans la zone euro et à un rythme similaire dans les principales économies du bloc, l'Allemagne et la France.
La croissance française devrait plafonner cette année et l'an prochain à 1,5%, puis s'effriter à 1,4% en 2019, estiment les économistes interrogés par Reuters.
Les anticipations d'inflation demeurent cependant faibles. On s'attend à ce que l'inflation de la zone euro dépasse 1,5% cette année et l'an prochain mais l'objectif de la BCE d'une inflation légèrement inférieure à 2% ne serait pas atteint avant 2020.
L'enquête a été menée du 10 au 13 juillet.