Jeudi 15 Mai 2025

Bank Al-Maghrib: Le gouverneur de la Fed Waller souligne le lien "vital" entre recherche académique et politique monétaire

Analyse du Marché Boursier Marocain

Invité d'honneur de la cérémonie de remise du «Prix Bank Al-Maghrib pour la recherche économique et financière», le gouverneur Christopher J. Waller, membre éminent du Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale des États-Unis, a livré un plaidoyer structuré et sans emphase pour une politique monétaire fondée sur la rigueur scientifique et l’ouverture intellectuelle. Une conférence dense, nourrie d'exemples historiques et de références académiques, dans laquelle le haut responsable américain a partagé sa vision du rôle stratégique que joue la recherche économique dans les décisions des banques centrales.

D’entrée de jeu, Christopher Waller rappelle que les grandes décisions monétaires s’appuient sur un faisceau d’éléments : données statistiques, enquêtes de terrain, échanges avec les acteurs économiques… mais aussi et surtout sur les apports de la recherche. «Presque toutes les banques centrales disposent de départements dédiés à la recherche économique, précisément pour éclairer les choix de politique monétaire», souligne-t-il.

Aux États-Unis, la structure décentralisée de la Réserve fédérale, avec ses 12 banques régionales et le Conseil des gouverneurs à Washington, permet une approche plurielle. Les économistes qui y travaillent sont à la fois des analystes de terrain, des conseillers en stratégie et des chercheurs engagés dans des travaux fondamentaux.

Deux types de recherche, une même finalité

Le gouverneur distingue deux formes de recherche : celle dite « académique », souvent à visée théorique, publiée dans des revues scientifiques ; et celle dite « dirigée », orientée vers les problématiques urgentes du moment. La première anticipe, éclaire les angles morts, nourrit le débat intellectuel ; la seconde répond aux besoins immédiats des décideurs. « Les deux se complètent, insiste-t-il. Une recherche dirigée efficace ne peut exister sans une base théorique solide. »

Waller illustre cette complémentarité par un exemple récent : l’annonce surprise de droits de douane américains. « La réaction rapide des économistes repose toujours sur un socle de travaux antérieurs. Il est illusoire de construire des modèles solides en quelques heures sans fondations robustes. »

Revenant sur l’histoire de la Fed, le gouverneur retrace les grands tournants où la recherche a fait évoluer la doctrine monétaire : le passage du keynésianisme aux modèles fondés sur les anticipations rationnelles dans les années 1980, l’intégration progressive des analyses sur les attentes d’inflation, ou encore le rôle crucial de Ben Bernanke (spécialiste de la Grande Dépression) face à la crise de 2008.

Il évoque également l’expérience du St. Louis Fed, berceau du monétarisme, ou encore celle du Minneapolis Fed, qui a su nouer des partenariats étroits avec des chercheurs universitaires pour faire émerger des cadres d’analyse innovants. « L’idée n’est pas de transformer les banques centrales en universités, mais de faire en sorte que leurs décisions reposent sur une compréhension fine et rigoureuse des mécanismes économiques », explique-t-il.

Des profils plus académiques au sein des comités de politique monétaire

Sans plaider pour une technocratisation totale des organes de décision, Waller observe que les profils des membres du FOMC ont évolué. De plus en plus, des économistes de formation académique intègrent les comités stratégiques, aux côtés de profils issus du secteur financier ou du monde juridique. « Cette diversité renforce la robustesse des décisions. La présence d’économistes chevronnés, formés à la recherche, permet de mieux tester les hypothèses, de mieux cerner les risques. »

En clôture, le gouverneur Waller a adressé un message implicite mais limpide aux jeunes chercheurs marocains : leur travail n’est pas un exercice de style ou un luxe intellectuel, mais un levier potentiel d’influence sur la conduite des politiques économiques. « La recherche doit être au cœur de la politique monétaire. Elle la rend plus transparente, plus responsable, et plus résiliente face aux incertitudes du monde».

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