Interrogé sur ce point lors des "Nuits de la Finance" organisés par Finances News, Abdellatif Zaghnoun, Directeur Général de l'ANGSPE, a tenu à souligner l’importance de cette source alternative de financement pour certains établissements et entreprises publics (EEP)« Le potentiel du marché des capitaux est immense, mais encore largement sous-exploité par les entreprises publiques. Il est temps de le mobiliser à sa juste valeur », a-t-il affirmé alors que de nombreuses entreprises publiques ont atteint leur pleine capacité d'endettement.
C’est dans cette optique que l’Agence a signé une convention stratégique avec l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC), visant à faciliter l’accès des EEP aux outils de financement de marché. Cette collaboration vise à mettre en œuvre des solutions structurées (titrisation, obligations durables, fonds de dette spécialisés, etc.) qui offrent une alternative aux financements bancaires classiques. Ces financements s’inscrivent dans une logique d’optimisation du levier financier en complémentarité avec le budget de l’État. Ils s’appuient sur des structures ad hoc, des émissions obligataires ou encore des dispositifs de titrisation.
Plusieurs EEP sont engagés actuellement dans des programmes d'investissements importants à l'image de l'ONDA, l'ONEE, ADM, etc... Des programmes pour lesquels l'expertise de l'Agence a été mise à contribution pour mettre en place des montages financiers innovants à travers plusieurs instruments issus notamment du marché financier.
Plus encore, l’Agence ambitionne de recourir à la Bourse de Casablanca pour l’ouverture partielle du capital de certaines filiales ou participations si nécessaire" qui s’y prêtent. Ce chantier s’inscrit dans la Politique Actionnariale de l’Etat adoptée fin 2024, qui prévoit une revue stratégique du portefeuille de l’État et l’identification de participations pouvant faire l’objet de désengagements partiels. Ces opérations seront sélectives, ciblées, et s’inscriront dans un cadre structuré reposant sur trois principes : la création de valeur, l’alignement stratégique avec les priorités nationales et la transparence, explique Zaghnoun.
Enfin, Abdellatif Zaghnoun insiste sur un point clé : « Le développement de ces mécanismes suppose un changement de culture au sein de certains EEP qu’il faudrait accompagner pour dialoguer avec les marchés et élaborer des structures de financement plaçables auprès des marchés des capitaux».
À travers cette nouvelle dynamique, l’Agence espère à la fois renforcer la solidité financière des entreprises publiques, désengager progressivement, et quand cela est stratégiquement pertinent, l’État des financements directs, tout en stimulant le développement du marché boursier marocain.