La guerre des clans entre les frères El Alami dure depuis des années et ce nouvel épisode, démarré le 2 avril, la relance de plus belle. Ce jour-là, l'espagnol Alucoil a vendu une grande partie de sa participation (représentant 6,3% du capital) à Holding SARL sur le marché de blocs. L’AMMC a précisé, hier vendredi, la position exacte de ce holding représenté par Mohamed El Alami, frère de l'actuel PDG de ALM, Abdelouahed. Selon l'autorité du marché, cette opération permet à Holding SARL de monter à 36,61% du capital de ALM et Mohamed El Alami ne compte pas s'arrêter là, puisqu'il envisage, toujours selon l'AMMC, de poursuivre ses achats sur la valeur dans les douze mois qui suivent ce franchissement du seuil.
Ce retour en force de Mohamed El Alami rappelle la situation d'il y a deux ans, quand il avait poussé vers la sortie l'actuel PDG, son frère Abdelouahed travers des actions en justice.
Ce dernier, aidé par les actionnaires financiers d'ALM, avait pu retrouver son poste au début de l'été 2017 avec l'appui des autres administrateurs qu'il avait pu rassembler autour de lui dans un front commun qui avait voté en sa faveur. Le coup avait été préparé discrètement par Abdelouahed El Alami qui, quelques jours avant l'Assemblée générale de 2017, avait fait publier, par d'autres administrateurs, un complément à son avis de convocation de l’Assemblée générale. Dans ce complément, il avait été précisé qu’un des actionnaires a soumis, dans les délais accordés par la loi, un projet de résolution à intégrer à l’ordre du jour de cette réunion. Ce projet prévoyait des changements dans les listes des administrateurs de la société, avec l’exclusion de Mohamed Jawad Sqalli alors PDG, et l’extension de la liste des administrateurs à 11 personnes au lieu des 7 prévues dans la convocation initiale de l’Assemblée. S’assurant un soutien suffisant parmi les autres actionnaires, Abdelouahed El Alami avait alors pu faire voter, assez facilement, son projet de résolution, reprenant ainsi la main sur Aluminium du Maroc.
L'offensive boursière inédite de Mohamed El Alami, qui opère des achats agressifs sur ALM depuis quelques semaines, trahit l'urgence de la situation : détenant actuellement 36,61% du capital (contre 28,5% avant son raid en bourse), il essayera de maximiser les actions et droits de vote qu'il détient avant la prochaine Assemblée générale. Difficile de croire que ses intentions à l'adresse de son frère sont "amicales".
Si Mohamed El Alami mène son plan à bien, ce sera une première à la Bourse de Casablanca : la réussite d'une OPA hostile. Pour la contrer, Abdelouahed El Alami doit s'assurer que son "front" à l'Assemblée générale est toujours solide ou mener à son tour une offensive boursière sur l'action ALM.
A.H