Lors de son intervention à la 2ème édition du Salon de l'Épargne, Mehdi Chekkouri, fondateur de Green Fintech, a croisé les enseignements de la finance comportementale et ceux de la finance participative pour proposer une méthodologie d'investissement en Bourse innovante, basée sur le tryptique : «filtres de la finance participative, modélisation de la psychologie des foules et volatilité». Tour d’horizon.
Avec une approche qui s’éloigne des dogmes de l’analyse fondamentale classique, Green Fintech, acteur spécialisé dans la gestion sous mandat, a construit son modèle autour de trois piliers : un horizon d’investissement court à moyen terme, une doctrine technique avancée et l’intégration de filtres de finance participative. Ce positionnement, unique sur le marché marocain, cible un public d’investisseurs exigeants, à la recherche de solutions à la fois performantes et éthiques.
«Nous nous concentrons sur des horizons trimestriels ou semestriels, rarement au-delà d’un an», a expliqué Chekkouri. Contrairement aux approches traditionnelles axées sur les fondamentaux, le gestionnaire mise sur des outils mathématiques et statistiques pour décrypter les dynamiques de marché. Elle s’appuie notamment sur la modélisation de la psychologie des investisseurs et des théories chaotiques pour identifier les retournements majeurs et ajuster ses positions. L’objectif ? Déterminer des seuils critiques tout en maîtrisant les risques, grâce à une infrastructure technologique de pointe capable de traiter des données massives en temps réel.
Green Fintech se distingue également par l’intégration de la finance participative dans sa stratégie. En collaboration avec un expert reconnu, la société applique des filtres éthiques sur les valeurs cotées, conformément aux principes islamiques validés par le Comité Charia au sein du Conseil Supérieur des Ouléma. «Cela réduit notre univers d’investissement à une vingtaine de valeurs, mais renforce la résilience et la performance globale de nos portefeuilles», précise Chekkouri. Résultat : une surperformance par rapport au marché, avec des rendements deux fois supérieurs au dernier trimestre.
Un autre axe fort de la méthodologie de Green Fintech est l’analyse approfondie de la volatilité, décrite comme un indicateur clé pour anticiper les mouvements de marché. «La volatilité traduit le degré de consensus ou de divergence sur une tendance et joue un rôle crucial dans la détection des retournements», explique Chekkouri. Les outils comme les bandes de Bollinger ou le RSI sont systématiquement utilisés pour modéliser les comportements des valeurs et identifier les seuils critiques.
La liquidité, quant à elle, est jugée déterminante pour garantir la pertinence des signaux d’investissement. Green Fintech applique des filtres spécifiques pour distinguer les valeurs structurellement liquides de celles qui ne le sont que ponctuellement, limitant ainsi les risques opérationnels. «Travailler sur des valeurs faiblement liquides altère la qualité prédictive des indicateurs», rappelle Chekkouri, qui rappelle que la prudence nécessaire pour traiter des valeurs en phase de «rush» de volume.
Enfin, dans un exercice de projection, Mehdi Chekkouri a présenté une décomposition des vagues d’Elliot appliquée au MASI depuis 1993, qui met en lumière les cycles haussiers et baissiers majeurs de l’indice. Selon ses calculs, basés sur les ratios de Fibonacci et l’analyse des cycles passés, le Masi pourrait bien atteindre 20.000 points à moyen terme. «Nous sommes dans une vague 5 différente de celle de 2006-2008 : le marché est plus mature, mais également plus volatil, avec une liquidité plus marqué», note-t-il.
Toutefois, il met en garde contre la nécessité de surveiller les zones de turbulence. «Même dans un cycle haussier, il est crucial d’identifier les points critiques pour éviter les retournements imprévus», avertit-il.
Avec une vision qui allie éthique, innovation technologique et rigueur analytique, Green Fintech apporte une nouvelle perspective à l’investissement en Bourse. Ce modèle, qui conjugue performance et responsabilité, pourrait bien ouvrir la voie à une nouvelle génération de stratégies boursières.