Le dirham s'est beaucoup apprécié face aux autres devises ces dernières semaines. Selon des opérateurs en salle de marché, ce phénomène serait principalement lié à des tirages de dette extérieure, notamment de la part du Trésor et de l'OCP.
La dernière situation comparable remonte à 2020, en pleine crise du Covid. À l'époque, les raisons n'étaient pas les mêmes : Le ralentissement des importations et le maintien relatif des exportations combiné à des transferts records des MRE, avait fortement consolidé la position de change des banques. Face à l’ampleur de l’appréciation du Dirham et son caractère plus durable, Bank Al-Maghrib avait dû intervenir en achetant des devises et en vendant du Dirham pour stabiliser le marché et stopper la progression de la monnaie nationale.
Aujourd’hui, bien que le Dirham soit proche de sa limite basse, les professionnels estiment qu’il reste à environ 0,5% du seuil critique, ce qui laisse une marge de manœuvre. Par ailleurs, le début de la saison de rapatriement des dividendes vers les actionnaires étrangers pourrait contribuer à rééquilibrer l’offre et la demande de devises dans les semaines à venir. Ils écartent ainsi une nouvelle intervention de la banque centrale.
Un impact macroéconomique ambivalent
Un Dirham fort présente des effets contrastés. Il pénalise les exportations en réduisant leur compétitivité à l’international. Toutefois, dans le cas du Maroc, qui est importateur net et dont l’essentiel de la dette extérieure est libellé en dollars, l’effet positif sur le coût du service de la dette n’est pas négligeable. Ce dernier tourne autour de 30 milliards de dirhams par an, un montant mécaniquement allégé par une monnaie nationale plus forte.
Bank Al-Maghrib en position de force
Grâce à des réserves de change qui ont dépassé par moment les 400 milliards de dirhams en mai, un niveau record, Bank Al-Maghrib dispose d’une large capacité d’intervention. Elle peut choisir de laisser le marché déterminer sa propre valeur d’équilibre et n'intervenir que pour prévenir la volatilité excessive. Mais pour l'heure, tout porte à croire qu'une intervention n'est pas à l'ordre du jour.