"Les faibles capitaux propres des banques marocaines subiront la pression de l'introduction de l'IFRS 9 mais les grandes banques ne devraient pas passer sous les ratios de fonds propres minimaux", indique l'agence Fitch dans une note publiée cette semaine. Une période de transition de cinq ans est nécessaire.
Selon Fitch Ratings, une période de transition de cinq ans pourrait permettre de combler les déficits de provisions. Cette approche serait conforme aux mesures annoncées par les régulateurs internationaux, donnant aux banques plusieurs années pour renforcer leurs bilans en réponse aux changements attendus.
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Pour rappel, l'IFRS 9 exige la déduction des pertes de crédit attendues et engagées de la plupart des prêts. Pour Fitch, "les banques marocaines ont une capacité limitée à absorber l'impact, compte tenu de leurs réserves de capital relativement faibles et de la couverture des provisions pour pertes sur prêts. Aucune des principales banques ne provisionne intégralement des prêts douteux et, à notre avis, certaines banques marocaines sont parfois lentes à reconnaître les pertes de crédit. Nos discussions avec les banques marocaines indiquent que les provisions pour pertes sur prêts en vertu d'IFRS 9 pourraient réduire les ratios d'adéquation des fonds propres de première catégorie jusqu'à concurrence de 2 points de base. L'impact complet sera plus clair lorsque les états financiers de fin mars 2018 seront disponibles".
La norme IFRS 9 oblige à comptabiliser les pertes de crédit attendues dans les livres de prêts au coût amorti, marquant ainsi un changement significatif par rapport à l'approche rétrospective que les banques prenaient auparavant. Or, les exigences prudentielles au Maroc n'exigent une couverture complète des prêts qu'après avoir été en retard de plus de 180 jours.
"Nous prévoyons que la majeure partie des provisions additionnelles requises sera affectée aux prêts classés à la «Phase 2» selon IFRS 9 - prêts pour lesquels le risque de crédit a augmenté considérablement depuis la comptabilisation initiale. Nous nous attendons à ce que les prêts actuellement surveillés par les banques marocaines entrent dans cette catégorie. Il s'agit de grands portefeuilles de crédits communément appelés «crédits sensibles» et dont les provisions obligatoires pour pertes sur prêts ne sont que de 5% selon les principes comptables marocains. Les banques disposent d'une flexibilité considérable pour déterminer s'il convient de classer les prêts en «crédits sensibles», car il n'existe pas de définition prudentielle standardisée", ajoute l'agence.
"Nous estimons que les prêts classés en «Phase 3» selon IFRS 9 (prêts présentant déjà des signes de perte de valeur) sont déjà suffisamment provisionnés. Les prêts de «première étape» (prêts qui ne montrent pas de signes d'augmentation significative du risque de crédit) ne nécessiteront probablement pas de réserves additionnelles importantes. Cependant, il existe des exceptions et certaines banques peuvent avoir besoin de réserves supplémentaires pour les prêts des étapes 1, 2 et 3, en particulier si elles ont des données et des modèles faibles pour soutenir leurs hypothèses de pertes attendues, ou des normes moins strictes".
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