Mercredi 12 Juin 2024

La croissance mondiale se stabilise pour la première fois en trois ans

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Selon la dernière édition des Perspectives économiques mondiales de la Banque Mondiale, la croissance mondiale devrait se stabiliser en 2024 pour la première fois depuis trois ans, mais à un niveau relativement faible par rapport aux tendances historiques récentes.

La croissance mondiale devrait se maintenir à 2,6 % en 2024 avant de remonter légèrement à 2,7 % en moyenne en 2025-2026, prévoit le rapport de la Banque mondiale. Soit un niveau bien en deçà de la moyenne de 3,1 % enregistrée au cours de la décennie précédant la pandémie de COVID-19. D’après ces prévisions, dans 60 % des économies, qui représentent ensemble plus de 80 % de la population mondiale et du PIB mondial, la croissance sur la période 2024-2026 sera plus lente qu’au cours de la décennie pré-COVID.

Dans l'ensemble des économies en développement, la croissance devrait légèrement fléchir par rapport à 2023, pour s’établir en moyenne à 4 % en 2024-2025. Elle devrait s’accélérer dans les pays à faible revenu, pour atteindre 5 % en 2024, contre 3,8 % en 2023. Dans 75 % d'entre eux, toutefois, les perspectives de croissance pour 2024 ont été revues à la baisse par rapport aux prévisions établies en janvier. Dans les économies avancées, la croissance devrait rester stable à 1,5 % en 2024 avant de progresser à 1,7 % en 2025.

« Quatre ans après les bouleversements provoqués par la pandémie, à laquelle ont succédé conflits, inflation et durcissement monétaire, la croissance économique mondiale donne des signes de stabilisation, souligne Indermit Gill, premier vice-président et économiste en chef du Groupe de la Banque mondiale. Elle n’a cependant pas retrouvé ses niveaux d’avant 2020. Et les prévisions économiques sont encore plus préoccupantes pour les pays les plus pauvres du monde, qui pâtissent en outre du lourd fardeau que constitue le service de la dette, de possibilités restreintes sur le plan des échanges commerciaux et de la survenue d’épisodes climatiques coûteux. Les économies en développement devront trouver des moyens d’encourager l’investissement privé, de réduire la dette publique et d’améliorer l’éducation, la santé et les infrastructures de base. Les plus pauvres d’entre elles — en particulier les 75 pays admis à bénéficier des financements concesssionnels de l’Association internationale de développement — ne pourront pas y parvenir sans l’aide de la communauté internationale. »

Une économie en développement sur quatre devrait rester plus pauvre cette année qu’elle ne l’était à la veille de la pandémie en 2019. Et cette proportion est deux fois plus élevée pour les pays en situation de fragilité et de conflit. En outre, l’écart de revenu qui les sépare des économies avancées devrait se creuser dans près de la moitié des économies en développement au cours de la période 2020-2024 (soit une proportion au plus haut depuis les années 1990). Indicateur important du niveau de vie, le revenu par habitant dans les pays en développement ne devrait augmenter que de 3 % par an en moyenne jusqu’en 2026, soit une croissance bien inférieure au taux de 3,8 % enregistré dans la décennie pré-COVID.

L’inflation mondiale devrait refluer à 3,5 % en 2024, puis 2,9 % en 2025. Cette baisse est cependant inférieure aux projections établies il y a seulement six mois, ce qui devrait inciter nombre de banques centrales à faire preuve de prudence dans l’abaissement des taux directeurs. Les taux d’intérêt mondiaux devraient rester élevés au regard des tendances récentes, pour s’établir autour de 4 % sur la période 2025-2026, soit environ le double des taux moyens enregistrés entre 2000 et 2019.

« Les prix des denrées alimentaires et de l’énergie se sont tassés dans l'ensemble du monde, mais l’inflation sous-jacente est encore relativement élevée et pourrait le rester, explique Ayhan Kose, économiste en chef adjoint de la Banque mondiale et directeur de la cellule PerspectivesCela pourrait inciter les banques centrales des principales économies avancées à retarder les baisses des taux directeurs. Dans l'hypothèse de taux d'intérêt durablement élevés, le durcissement des conditions financières mondiales se traduirait par une croissance beaucoup plus faible dans les économies en développement. »

Cette édition des Perspectives économiques mondiales propose deux chapitres analytiques traitant d’enjeux d’actualité. Le premier est consacré au rôle de l’investissement public pour accélérer l’investissement privé et promouvoir la croissance économique. Le rapport note que la croissance de l’investissement public dans les économies en développement a diminué de moitié depuis la crise financière mondiale, pour tomber en moyenne à 5 % par an au cours de la dernière décennie. Or l’investissement public peut être un puissant levier de politique économique. Pour les économies en développement disposant d’une confortable marge de manœuvre budgétaire et d’une tradition d'efficacité des dépenses publiques, une hausse de l’investissement public à hauteur de 1 % du PIB peut augmenter le niveau de production jusqu’à 1,6 % à moyen terme.

 

 

La région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) connaît des tensions géopolitiques et une incertitude politique aiguës. Le conflit en cours cause des souffrances humaines et des destructions matérielles massives à Gaza et en Cisjordanie. Les attaques perpétrées contre les navires en mer Rouge ont fait chuter le transit par le canal de Suez, perturbé le commerce international et accru les incertitudes en matière d’orientation des politiques publiques, en particulier dans les pays voisins. L’économie dans la région MENA manquait toujours de dynamisme entre le début et le milieu de l'année 2024, tant dans les pays exportateurs de pétrole que dans les pays importateurs. L’activité pétrolière a stagné dans les pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG). En juin 2024, les réductions de production ont été prolongées d’un an jusqu’à la fin de 2025, et les ajustements volontaires supplémentaires maintenus jusqu’à la fin septembre 2024, avant leur retrait progressif à partir du mois d’octobre. L'activité a en revanche progressé dans les pays exportateurs non membres du CCG, qui ne sont pas soumis aux accords de réduction de la production pétrolière. Les pays importateurs de pétrole ont pâti de l’atonie de l’activité dans le secteur privé, due en partie à une forte inflation. En République arabe d’Égypte, la croissance devrait ralentir au cours de l’exercice 2023/24 (de juillet 2023 à juin 2024), en raison notamment de la réduction du trafic maritime par le canal de Suez et d’une reprise du tourisme entravée par le conflit dans la région. L'activité en Tunisie a marqué un coup d’arrêt, tandis que la production agricole au Maroc s’est contractée au début de cette année. Perspectives : La croissance dans la région MENA devrait s’accélérer pour atteindre 2,8 % en 2024 et 4,2 % en 2025, à la faveur principalement de l’augmentation progressive de la production pétrolière et d’un regain d’activité à partir du quatrième trimestre 2024. La prolongation des coupes de production pétrolière et le conflit en cours dans la région ont entraîné une révision à la baisse des perspectives de croissance pour 2024 par rapport aux prévisions établies en janvier. Dans les pays du CCG, la croissance devrait se consolider, pour atteindre 2,8 % en 2024 et 4,7 % en 2025. La croissance en Arabie saoudite devrait redémarrer en 2024, portée par les secteurs non pétroliers, avant de s’accélérer en 2025 avec la reprise graduelle de l'activité pétrolière. Parmi les pays exportateurs de pétrole non membres du CCG, l’Algérie et l’Iraq devraient voir leur croissance se raffermir en 2025 grâce à la reprise attendue dans le secteur pétrolier. Dans les pays importateurs de pétrole, la croissance devrait s’accélérer pour atteindre 2,9 % en 2024 et continuer à progresser autour de 4 % par an en 2025-26. L’économie égyptienne devrait reprendre de la vitesse, tirée par une hausse des investissements impulsée en partie par un accord de grande envergure avec les Émirats arabes unis. En Jordanie, la croissance devrait rester stable, même si les activités liées au tourisme vont souffrir à court terme. Les prévisions tablent sur un rebond de la croissance en Tunisie, tandis que l’activité à Djibouti et au Maroc devrait ralentir en 2024. En raison de la gravité du conflit en cours, de fortes incertitudes pèsent sur les perspectives économiques en Cisjordanie et à Gaza, où l’activité devrait continuer de se contracter en 2024, dans une fourchette comprise entre -6,5 % et -9,4 %. En République arabe syrienne et en République du Yémen, les perspectives sont sombres et incertaines, dans un contexte marqué par le conflit en cours, les violences et les troubles intérieurs, et les tensions en mer Rouge. 

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