« Nous avons préparé pendant des années cette nouvelle phase de croissance. À partir de 2025, nous entamons une transformation profonde de notre modèle. » C’est par ces mots qu’Imad Toumi, Président du Groupe Managem, a introduit la nouvelle feuille de route stratégique du groupe lors de sa conférence annuelle aujourd'hui à Casablanca.
Le groupe minier marocain veut désormais s’imposer comme un acteur industriel à part entière, intégré sur toute la chaîne de valeur, avec une vision claire à l’horizon 2030. Résilience financière, diversification sectorielle, intégration verticale et transformation digitale sont les maîtres-mots de cette stratégie qui repose sur trois piliers majeurs : l’or, les métaux critiques pour la transition énergétique et le gaz naturel.
La première business unit, Managold, regroupe les actifs aurifères du groupe, notamment ceux en Afrique de l’Ouest. « C’est un projet structurant, qui va nous donner une base solide dans la région », a affirmé Toumi. Le groupe vise à dépasser les 500 000 onces d’or par an et ce, dès 2028, grâce à des projets en cours de finalisation, dont un fleuron au Sénégal, mobilisant 300 millions d’euros d’investissement et offrant une capacité de 170 000 onces/an. À terme, Managem ambitionne de faire de Managold un leader régional.
Avec Managri, Managem se positionne au cœur de la transition énergétique. Le projet Tizert, en phase finale de construction, constitue le premier maillon de cette chaîne. « Ce projet de 4,5 milliards de dirhams est hors normes, même à l’échelle nationale », a précisé Toumi. Il vise à produire du concentré de cuivre dès 2025, avant d’être transformé localement dans la première fonderie de cuivre d’Afrique du Nord, un projet ambitieux de 10 à 15 milliards de dirhams, porté en partenariat avec l’OCP.
Le groupe investit aussi dans le graphite, le cobalt, le manganèse et ambitionne de devenir un fournisseur stratégique de l’industrie des batteries. « Nous voulons aller au-delà du concentré, vers des produits finis comme la cathode de cuivre ou les précurseurs pour batteries », a-t-il expliqué.
Dernier pilier, Managy, consacré à l’exploitation du gaz naturel. Grâce à l’acquisition de Sound Energy, Managem vise une première production dès fin 2025 : 100 millions de m³/an, soit deux fois la consommation actuelle de l’industrie marocaine. « C’est un projet structurant pour l’indépendance énergétique du pays », a souligné le président. À terme, le gaz sera valorisé via des centrales électriques, contribuant au mix énergétique national.
« Nous avons montré notre résilience, maintenant nous accélérons », a résumé Toumi. En intégrant ses activités, en localisant davantage la transformation et en s’alignant sur les enjeux de durabilité, Managem ambitionne de doubler son chiffre d’affaires d’ici 2030 et d’élargir son empreinte industrielle au Maroc et en Afrique Ce repositionnement stratégique, qui devrait donner ses fruits dès le deuxième semestre 2025, fait de Managem bien plus qu’un producteur de minerais : un acteur industriel de la transition énergétique, en phase avec les grandes mutations mondiales.
En 2024, la Société Métallurgique d’Imiter (SMI), filiale du groupe Managem, a connu une année charnière, marquée par la poursuite des travaux préparatoires à la montée en puissance de ses activités. « Le site d’Imiter a amorcé une phase de transition vers un nouveau modèle d’exploitation. Nous avons renforcé nos capacités techniques, lancé des travaux de développement souterrain, et mis en place une ingénierie plus robuste », a expliqué Imad Toumi lors de la conférence annuelle du groupe. En 2025, le groupe travaillera sur l'augmenter la profondeur d’exploitation pour accéder à de nouveaux filons à plus forte teneur, l'intégration des solutions digitales dans la gestion opérationnelle du site et l'optimisation des coûts de production, dans un contexte de prix des métaux précieux toujours volatil.
Selon le président du groupe, malgré un ralentissement ponctuel de la production en 2024 dû à ces adaptations, SMI demeure un actif stratégique dans le portefeuille du groupe, avec un potentiel de redressement important dès 2025, en ligne avec la nouvelle orientation industrielle de Managem.