Contre toute attente, Bank Al-Maghrib (BAM) a décidé de réduire son taux directeur de 25 points de base (pbs), surprenant un marché qui n’anticipait pas un assouplissement monétaire à ce stade. Cette décision devrait se traduire par une baisse généralisée des taux obligataires et accentuer l’aplatissement de la courbe des taux, un phénomène déjà amorcé ces derniers mois.
Bank Al-Maghrib accélère l'assouplissement de la politique monétaire avec cette nouvelle baisse du taux directeur. Si cette décision va avoir un effet mécanique immédiat sur la courbe des taux, le contexte macroéconomique est favorable à une accentuation de la baisse des rendements obligataires car elle intervient dans un climat de consolidation de la croissance économique, notamment dans le secteur non agricole. Selon BAM, la croissance hors agriculture aurait atteint 4,2% en 2024 et devrait se maintenir à ce niveau à moyen terme, portée principalement par l’essor des investissements dans les infrastructures. "Les activités non agricoles retrouvent progressivement leur rythme d’avant 2008 et contribueront davantage à la dynamique du PIB et aux recettes de l’État", a souligné Abdellatif Jouahri, gouverneur de la banque centrale en décrivant un tableau de bord macroéconomique où tous les voyants sont au vert.
Parallèlement, les finances publiques enregistrent des signes d’amélioration, renforçant également la perspective d’une détente prolongée des taux obligataires. D’après les projections de Bank Al-Maghrib, le déficit budgétaire (hors produit de cession des participations de l’État) devrait passer de 4,1% du PIB en 2024 à 3,9% en 2025, puis à 3,6% en 2026. Cette tendance, combinée à la baisse des taux, devrait offrir une plus grande marge de manœuvre budgétaire au gouvernement.
Autre élément favorable : le Maroc vient de bénéficier d’un nouvel appui du Fonds monétaire international (FMI). Le Conseil d’administration du FMI a approuvé le décaissement de la troisième tranche au titre de la Facilité pour la résilience et la durabilité, représentant un montant d’environ 496 millions de dollars. Ce soutien financier permettra de réduire encore davantage les tensions sur le budget de l’État, facilitant ainsi la mise en œuvre des projets d’investissement et des réformes structurelles.
Dans ce contexte, la baisse des rendements obligataires devrait également profiter à la Bourse de Casablanca. Un environnement de taux plus bas rend les actions plus attractives en comparaison des obligations et améliore les conditions de financement des entreprises cotées. Cette dynamique pourrait donc soutenir un rebond du marché actions dans les semaines et mois à venir, porté par une liquidité plus abondante et un retour de l’appétit pour le risque notamment sur les secteurs directement concernés : Banques et actions de croissance.