(Reuters) - Les responsables de la Banque centrale européenne (BCE) sont globalement d'accord pour prolonger fin octobre le programme de rachat d'actifs de neuf mois tout en en réduisant les volumes, ont déclaré à Reuters cinq sources au fait des discussions.
Le programme de rachat d'actifs, dit d'assouplissement quantitatif (QE), doit s'achever à la fin de l'année et la BCE doit décider lors de la réunion de politique monétaire du 26 octobre s'il y a lieu de le prolonger alors que la zone euro connaît sa meilleure croissance de la décennie sans pour autant que l'inflation semble devoir atteindre prochainement son objectif d'un peu moins de 2%.
Cette décision, qui n'est pas définitivement arrêtée, doit intégrer à la fois la nécessité de réduire le programme dans un contexte de forte croissance et l'engagement de rester accommodant pendant encore longtemps, ont expliqué les sources.
Le principal point faisant encore débat porte sur la nécessité ou non d'arrêter une date fixe de cessation du programme.
Les membres les plus rigoristes du Conseil des gouverneurs veulent que la banque centrale témoigne sans ambiguïté de son intention de dénouer progressivement le QE, puis d'y mettre fin. Le camp opposé souhaite qu'elle conserve une certaine souplesse pour pouvoir prolonger le programme si la situation économique le justifiait.
"Que sa fin soit ouverte ou fermée, tel sera le gros débat", a dit l'une des sources. "Je verrais bien un compromis par lequel on le (le programme QE) garderait en l'état, c'est-à-dire avec une date de fin qui nous permettrait de le prolonger le cas échéant".
Le volume des achats mensuels fait lui aussi débat; les opinions varient de 25 à 40 milliards d'euros mais il y a au moins un consensus pour réduire sensiblement le montant actuel qui est de 60 milliards, observent les sources.
La BCE s'est abstenue de tout commentaire et les sources ont dit qu'aucune proposition officielle n'avait été formulée. NEUF OU DOUZE MOIS
"Le montant mensuel réel n'a pas grande importance car son impact sur l'inflation sera très faible", a expliqué l'une des sources. "Mais une prolongation de neuf mois retarde d'autant une première hausse des taux et c'est important; en outre, cela donne un message fort, à savoir qu'une accommodation substantielle se poursuivra."
Prolonger de six mois serait trop court, ont encore dit les sources, car dans ce cas, les responsables de la BCE devraient rapidement relancer les discussions sur le sujet.
En revanche, une prolongation plus longue, d'un an, n'est pas à écarter mais la difficulté est que le marché des obligations que la BCE peut racheter commence à s'épuiser. S'il fallait alors fixer les volumes mensuels en fonction du "stock" de titres disponible, ces volumes seraient relativement bas.
Peter Praet, l'économiste en chef de la BCE, a récemment estimé que lorsque les marchés sont calmes, il vaut mieux prolonger plus longtemps mais avec des volumes plus réduits car les investisseurs ont une meilleure idée de la qualité du soutien de l'institut d'émission sur le long terme.
Les sources ont enfin signalé que la BCE pourrait également décider de s'en tenir à son idée de renforcer le QE si la conjoncture économique se dégradait.
Même si la BCE décidait de réduire ses achats de dette souveraine, elle ne serait en rien obligée de faire de même pour la dette des entreprises, ont-elles précisé.