PARIS (Reuters) - Le FMI reste optimiste pour la croissance mondiale à court terme mais avertit une fois de plus que son embellie devrait rapidement retomber si les gouvernements ne mettent pas en oeuvre des réformes pour élever le potentiel de leurs économies.
Les prévisions économiques de printemps du Fonds monétaire international publiées mardi confirment globalement les révisions à la hausse auxquelles il avait procédé en début d’année: un PIB mondial qui progresserait de 3,9% en 2018 comme en 2019 sur la lancée de sa franche accélération - de plus d’un demi-point, à 3,8% - de l’an passé.
Pour les seuls pays développés, il relève encore ses prévisions, essentiellement du fait de l’économie américaine en raison de l’impact de la réforme fiscale votée fin 2017.
Les économistes du Fonds voient maintenant le PIB des Etats-Unis progresser de 2,5% cette année puis 2,2% en 2019, soit dans les deux cas 0,2 point de plus qu’ils ne l’anticipaient en janvier.
Ils sont également plus optimistes pour la zone euro mais sur 2018 seulement, à la faveur d’une demande internationale plus forte, avec une croissance qui atteindrait 2,4% (0,2 point de plus que prévu précédemment). Ils ne changent rien pour 2019, avec une progression de l’activité qui se tasserait à 2,0%.
L’Allemagne accompagnerait ce mouvement, avec un PIB revu en hausse de 0,2 point pour cette année, à +2,5%, mais confirmé à 2,0% pour l’an prochain. S’agissant de la France, la révision à la hausse porte tant sur 2018 (+0,2 point à 2,1%) que sur 2019 (+0,1 point à 2,0%).
Le FMI maintient en revanche ses prévisions de ralentissement au Royaume-Uni (1,6%, +0,1 point, en 2018 puis 1,5% en 2019), de même que pour le Japon (1,2% cette année puis 0,9% l’an prochain).
S’agissant des pays émergents, il escompte toujours une croissance de 4,9% cette année mais a légèrement revu en hausse celle de 2019 (+0,1 point à 5,1%) du fait pour l’essentiel du Brésil et de l’Afrique du Sud.
Mais au-delà de son horizon de deux années de prévisions, le FMI avertit qu’il faut s’attendre à un ralentissement sensible pour les économies avancées alors que la croissance devrait se stabiliser globalement dans les pays émergents, même si les producteurs de matières premières continueront de souffrir.
Les premières doivent s’attendre selon lui à un retour à des taux de croissance potentielle “bien inférieurs” aux années d’avant crise une fois qu’elles auront comblé les retards (écarts de production) accumulés depuis.
Les économistes du Fonds évoquent un rythme de croissance de l’ordre de 1,5% “à moyen terme” pour l’ensemble des pays industrialisés et de 1,4% pour la zone euro, qui ramènerait la croissance mondiale autour de 3,7% par an.
Ils voient en outre l’économie américaine commencer à accuser les contrecoups de la réforme fiscale à partir de 2020 puis plus nettement après 2023, une fois dissipé son impact positif sur l’investissement.
Dans ce contexte, le FMI répète que l’environnement favorable actuel doit être mis à profit pour engager des réformes qui permettent d’enrichir la croissance à moyen terme.
“Les bons moments ne dureront pas longtemps, mais des politiques sensées peuvent prolonger le rebond tout en limitant les risques d’un atterrissage déstabilisant”, a déclaré Maurice Obstfeld, chef économiste du FMI.
“Les pays doivent reconstituer leurs marges budgétaires, mettre en oeuvre des réformes structurelles et piloter prudemment leurs politiques monétaires dans un environnement déjà complexe et difficile”, a-t-il ajouté.
Ces réformes sont d’autant plus nécessaires que, selon le FMI, les risques pour la croissance, s’ils sont globalement équilibrés aujourd’hui, sont clairement à la hausse à moyen terme.
Et le Fonds de citer “un resserrement potentiellement important des conditions monétaires, une baisse du soutien populaire à l’intégration économique globale, des tensions commerciales croissantes et un tournant vers des politiques protectionnistes ainsi que des tensions géopolitiques”.