Par Noreddine TAHIRI, Directeur Général d’Ajarinvest, première société de gestion d'OPCI au Maroc.
Ajarinvest, filiale de la CDG et du CIH Bank, première société de gestion d’OPCI au Maroc active depuis 2019, a accumulé un riche ensemble de données sur le marché de l’immobilier, en particulier sur les prix et loyers des actifs, qu’il s’agisse de bureaux, de commerces ou de terrains nus. L'objectif de cet article est de présenter une analyse consolidée d’une partie de ses données, avec un focus particulier sur l’évolution des prix et des loyers dans les deux principales métropoles du Royaume, Casablanca et Rabat.
Méthodologie
Sur la période allant de 2019 à fin 2023, l’échantillon représentatif, dont les données ont été recueillies par Ajarinvest, s’élève à 15.227 actifs dont 4.855 actifs bureaux et 10.423 actifs commerces. 41 villes sont concernées par cette analyse. Ces informations portent à la fois sur les offres, sur les transactions effectivement réalisées et sur les valorisations immobilières réalisées par les évaluateurs immobiliers OPCI et qui ont conduit effectivement à des transactions.
Dans cet article nous allons nous concentrer uniquement sur l’analyse du marché des bureaux :
Ainsi la présente analyse repose sur un échantillon représentatif d’actifs immobiliers à usage de bureaux, répartis entre ces deux villes, couvrant la période 2019-2023. Elle porte sur les prix de vente moyens au mètre carré ainsi que sur les loyers. Pour apporter un éclairage encore plus pertinent, ces données ont été croisées avec l’évolution du PIB courant du Maroc durant la même période. Cette démarche permet de mieux comprendre les interactions entre la santé économique du pays et les performances du marché immobilier et plus particulièrement pour ces deux villes phares.
Évolution des prix des actifs immobiliers
L’évolution des prix de vente des bureaux à Rabat et Casablanca a été marquée par une série de fluctuations qui traduisent les impacts directs des cycles économiques. Une analyse détaillée révèle une corrélation notable avec l’évolution du PIB courant.
Prix des bureaux (Dh/m²) sur les villes de Rabat et Casablanca
Croissance comparée des prix au m² (Rabat et Casablanca)
et du PIB Courant (Année de référence 2019)
En moyenne, le prix des bureaux dans les deux villes a progressé de manière modérée, passant de 19 084 DH/m² en 2019 à 20 957 DH/m² en 2023. Cette évolution globale, bien qu’influencée par des variations locales, reste cohérente avec les reprises économiques observées après la crise, notamment à partir de 2021.
L’analyse des données révèle une corrélation claire entre l’évolution des prix de vente des bureaux et celle du PIB Courant. En particulier à Casablanca, les fluctuations du PIB se sont traduites par des ajustements significatifs des prix des actifs immobiliers, tant à la baisse en 2020 qu’à la hausse en 2021 et 2023. À Rabat, cette corrélation est également présente, bien que le marché y soit plus résilient et moins volatile.
La mise en évidence de cette corrélation entre l’évolution des prix immobiliers et celle du PIB courant, reflète l’impact de la croissance économique sur le secteur immobilier.
Évolution des loyers et corrélation avec le PIB
Les loyers, autre indicateur clé du marché immobilier des bureaux, ont suivi une trajectoire similaire à celle des prix de vente, bien que de manière plus tempérée. Leur évolution met également en évidence une certaine synchronisation avec la conjoncture économique.
Loyers des bureaux (Dh/m²) sur les villes de Rabat et Casablanca
Croissance comparée des loyers au m² (Rabat et Casablanca)
et du PIB Courant (Année de référence 2019)
La moyenne des loyers dans les deux villes a légèrement diminué, passant de 140 DH/m² en 2019 à 134 DH/m² en 2023, avec des hausses ponctuelles en 2021 en raison du rebond économique.
De manière générale, les loyers des bureaux sont également corrélés au PIB Courant, mais de manière moins directe, notamment en raison des durées des contrats locatifs et des mécanismes d’indexation qui lissent l’impact immédiat des chocs économiques. Cependant, les fluctuations observées à Casablanca, notamment en 2020 et 2021, témoignent de la sensibilité du marché locatif aux performances économiques globales.
L'analyse des données sur l'évolution des prix et des loyers dans le marché immobilier locatif de bureaux à Rabat et Casablanca, couplée avec l'évolution du PIB, révèle des corrélations significatives entre les cycles économiques et les performances de ce marché. Cette corrélation met en évidence l'importance de la conjoncture économique sur la dynamique des prix des actifs immobiliers, en particulier dans les grandes métropoles comme Rabat et Casablanca.
En conclusion, l'initiative prise à travers la publication de cet article, visant à partager ces informations, est un premier pas vers une meilleure transparence du marché immobilier locatif au Maroc. Pour renforcer cette dynamique, la future association des sociétés de gestion d’OPCI pourrait jouer un rôle déterminant, notamment en matière de collecte, de diffusion et de normalisation des données. À terme, cela permettrait de mettre en place un indice de référence pour le marché locatif, offrant aux investisseurs un outil précieux d’aide à la décision, et contribuant à la professionnalisation et à la transparence du secteur.