Lundi 03 Novembre 2025

La SFI veut désormais miser sur l’equity pour financer la croissance africaine

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Dans un contexte de chocs multiples, d’endettement élevé et d’aide publique au développement en reflux, le DG de la Société Financière Internationale (IFC), Makhtar Diop, annonce un virage stratégique de l'institution : accroître la part des financements en fonds propres pour faire levier sur l’épargne domestique et attirer les capitaux internationaux.
 

Le DG de l’IFC a dressé un constat sans fard à l'occasion de l'Africa Financial Summit (AFIS) qui se tient en ce moment à Casablanca. Selon lui, les économies africaines font face à des chocs simultanés – géopolitiques, commerciaux et technologiques, qui complexifient la prise de risque. À cela s’ajoute un endettement public en forte hausse par rapport à la décennie précédente, réduisant la marge budgétaire des États, tandis que l’aide internationale s’essouffle. L’heure est venue, selon elle, pour le secteur privé de prendre le relais.

Jusqu’ici, l’IFC a largement contribué au financement du développement « essentiellement à travers la dette, le trade finance et les lignes d’autorisation ». Le nouveau cycle vise désormais à « prendre un pas plus important dans la mobilisation » en privilégiant l’equity et les instruments de partage de risque.

L’institution veut augmenter ses interventions en fonds propres – et quasi-fonds propres – pour renforcer la solvabilité des acteurs locaux, condition d’un cycle d’investissement durable. L’objectif est de débloquer un effet d’entraînement que la dette seule ne parvient plus à créer lorsque les bilans sont contraints. Pour y parvenir, il faut un pipeline d’actifs de qualité et de taille critique, capables d’attirer des investisseurs institutionnels. 


L’IFC prévoit également de renforcer ses dispositifs de garantie unifiés afin de réduire le coût du capital et d’aligner les profils de risque/rendement avec les attentes des investisseurs institutionnels, qu’ils soient africains ou étrangers. Elle compte par ailleurs accroître ses opérations en monnaies locales, qui représentent déjà près de 30 % de son portefeuille, en intensifiant la coopération avec les banques centrales et commerciales pour échanger la liquidité locale contre des ressources en dollars. Cette stratégie vise à stabiliser les flux financiers et à limiter le risque de change sur les projets.

Enfin, l’institution met l’accent sur la donnée et la technologie comme carburant de cette nouvelle approche. Elle prévoit d’investir davantage dans la tech et invite les banques à partager plus d’informations pour améliorer la notation, la tarification et le financement des PME. Plus de données signifie moins d’asymétrie d’information et donc plus d’appétit pour l’equity.

Le message adressé au continent est triple. Aux acteurs privés africains, l’IFC demande de montrer l’exemple : sans sponsors domestiques solides, les capitaux internationaux ne s’engageront pas. Aux régulateurs, elle recommande d’instaurer des régulations pro-intégration, facilitant la circulation intra-africaine du capital. Et aux institutions financières, elle rappelle l’importance de l’ouverture et de la transparence, condition nécessaire pour bâtir la confiance et attirer des investisseurs en fonds propres.

Concrètement, les prochains mois devraient voir plus de tickets en equity de la part de l’IFC dans les secteurs à fort impact – infrastructures, énergie, santé, éducation, technologies – adossés à des garanties capables de mobiliser les investisseurs institutionnels africains. Des véhicules régionaux de plus grande envergure devraient émerger, tout comme une hausse des deals en monnaie locale, arrimant ainsi la création de valeur aux économies domestiques.

En ligne de fond, l’IFC acte une priorité : passer d’un modèle dominé par la dette à un mix où l’equity devient moteur d’accélération. Le message est opérationnel : des actifs bancables, de la taille, des garanties, des monnaies locales et de la donnée. À ce prix seulement, l’épargne africaine – et le capital international – financeront durablement la croissance africaine.

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