Samedi 31 Decembre 2022

Bourse de Casablanca: bilan sombre pour 2022, perspectives incertaines pour 2023

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Au 30 décembre, le Masi affiche une baisse de 19,75% au compteur. La pire performance annuelle de son histoire.   

Le ciel se dégagera-t-il en 2023 ? Rien n’est moins sûr, tant les incertitudes restent nombreuses.  

  
 Hausses de taux, désordres géopolitiques, maux économiques et inflation…2022 aura été un millésime que les opérateurs boursiers souhaiteront vite oublier. La Bourse de Casablanca terminera l’année 2022 sur une contreperformance de 19,75% (-21% pour le MSI 20) contre une hausse de 18,35% enregistrée en 2021. La pire performance de son histoire récente avec près de 127 milliards de DH de capitalisation partis en fumée. Un record.

 

Malgré une inflation qui montrait le bout de son nez et des taux d’intérêt qui frémissaient, rien ne laissait présager, début 2022, une année boursière aussi médiocre. La preuve en est que le 10 janvier le MASI gagnait jusqu’à 5% autour des 14.000 points (pas loin de ses plus hauts historiques de 2008). L’invasion de l’Ukraine par la Russie, dès fin février, a toutefois douché tous les espoirs de plus-value à court terme et même d’une nouvelle année haussière. La Bourse a vite réagi avec un MASI abandonnant jusqu’à 17% de sa valeur entre les mois de février et de juillet. Puis un été sans direction bien définie avant de redécrocher en septembre après la première hausse des taux dictée par Bank Al-Maghrib.  

 

Il faut dire que durant cette année historique, le moteur principal des marchés financiers a toujours été l'inflexion de la politique monétaire de la Banque centrale, à l'image de ce qui se passe un peu partout dans le monde. Les opérateurs ont essayé (et essaient toujours) de deviner quand aura lieu le pic de relèvement des taux actuels, et à quelle altitude. Dès septembre, le ton plus sévère de Bank Al-Maghrib a pris de court les investisseurs, qui ont eu au départ du mal à intégrer le changement de paradigme sur les taux d'intérêt.   

 

À chaque annonce de relèvement du taux directeur par BAM, les velléités de rebond des actions ont été gelées, comme ce fut le cas durant la dernière semaine de décembre. 

 

Cette année, toutes les entreprises, petites et grandes (hormis quelques exceptions comme les mines), ont été pénalisées, la baisse d’activité subie pesant lourdement sur le niveau des profits ­attendus. À l’heure où nous écrivons ces lignes, seuls 4 secteurs sur les 24 cotés affichent des variations positives. Il s’agit de "Electricité" (+4,57%), "Loisirs et hôtels" (+3,87%), "Mines" (+32,73%) et "Sylviculture et papier" (+25,35%).   

 

L'on finit l’année proche des plus bas annuels à 10.720 points, avec une valorisation globale en baisse sensible à 17x contre 19,8x en moyenne pour les 5 années d’avant-crise Covid. Pour sa part, le ratio de liquidité du marché boursier à fin novembre ressort à 8,51%, en recul de 13,2% en glissement annuel alors que la volatilité moyenne ressort en repli à 9,4% contre 10,8% au premier semestre 2022. 

 

Par ailleurs, avec une confiance des investisseurs en dégradation, la crise boursière de cette année nous a également montré que les valeurs de rendement - celles qui sont appréciées pour leur capacité à payer des dividendes confortables et récurrents - ne constituent plus un rempart efficace contre la chute des cours. Elles ont certes moins baissé que les dossiers les plus cycliques de la cote, mais elles ont pâti des craintes de recul des bénéfices qui pourraient compromettre leur capacité à maintenir leur dividende. Bref, vous l'aurez compris, rares étaient les cachettes où trouver refuge pour les investisseurs cette année.

 

Gestions d’actifs : Tournons vite la page  

Du risque partout, des rendements nulle part. Voici ce qui a caractérisé l’industrie de la gestion d’actifs contrairement à 2021 qui a été prolifique pour l’épargne et les placements. Les gérants d'OPCVM ont tant bien que mal limité la casse et ont laissé passer la tempête en attendant de jours meilleurs.    

 

Le secteur des OPCVM a ainsi été impacté par la baisse du marché boursier et par les tensions haussières sur le marché des taux et a subi une décollecte au niveau des catégories d’OPCVM obligations MLT, obligations CT et actions. L’actif net global des OPCVM ressort à 536,5 milliards de DH au 9 décembre 2022 en recul de 9,5% par rapport au début de l’année.   

 

Les autres compartiments de la gestion d’actifs réalisent des progressions en ligne avec celles observées les années précédentes, avec une stabilisation des actifs sous gestion pour les fonds de titrisation et des croissances à deux et trois chiffres pour les OPCC et les OPCI respectivement. L’actif net des OPCI a ainsi atteint 49 milliards de DH à fin octobre 2022, en augmentation de 127% depuis le début de l’année, avec une prépondérance des fonds réservés aux investisseurs qualifiés.    

 

Taux : le carburant baissier des actions  

En 2022, tout le newsflow provenant du compartiment obligataire a eu un impact immédiat sur le marché actions qui a intégré une hausse des taux obligataires plus rapide que prévue. Le MASI a subi des décrochages violents durant certaines séances. Ces éléments négatifs ont également compliqué la tâche des gérants actions qui, pour sauver les meubles, n’ont eu d’autres choix que de réduire leur exposition dans la mesure du possible. 


Marché obligataire : A quoi faut-il s'attendre en 2023 ?


 

Au final, l’on reste dans une configuration où les investisseurs espèrent que le point bas boursier soit passé, malgré le flou qui règne toujours sur les perspectives économiques et également sur les bénéfices annuels des entreprises cotées, qui seront sans doute impactés par l’inflation. Pour 2023, il va donc falloir être extrêmement rigoureux dans le choix des valeurs, sachant que la volatilité, qui restera élevée au moins jusqu’à l’année prochaine, ne facilitera pas la tâche. 
 

Les plus optimistes espèrent que le mois de mars prochain, avec les résultats des entreprises et le Conseil de BAM constituera un point d'inflexion où le pire sera derrière. Mais d'ici là, gare aux secousses. 

 

Youssef Seddik.

 

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