Le bureau de recherche BMCE Capital Global Research vient d'abaisser la prime de risque action à 6,50%, signe d'un marché confiant porté par l’afflux de capitaux et une dynamique haussière du Masi en 2025.
L’arbitrage actions/obligations bascule en faveur des actions, soutenu par la politique monétaire accommodante de Bank Al-Maghrib et des perspectives bénéficiaires solides pour les sociétés cotées.
Après une année 2024 exceptionnelle, marquée par une performance à deux chiffres du Masi et des volumes transactionnels records, la Bourse de Casablanca aborde 2025 avec un enthousiasme intact. Selon la dernière mise à jour de BMCE Capital Global Research (BKGR), cette dynamique haussière est renforcée par plusieurs catalyseurs, à commencer par l’anticipation d’une afflux de capitaux sur le marché actions, notamment grâce à l’amnistie fiscale annoncée par le gouvernement.
Par ailleurs, les grands projets dévoilés ces derniers mois, qu’il s’agisse de la co-organisation de la Coupe du Monde 2030, de l’instauration des aides sociales ou encore du développement de gigafactories, commencent à produire des effets tangibles sur l’économie réelle. Cette conjoncture favorable devrait se refléter dans les résultats annuels des entreprises cotées, attendus dans les prochaines semaines.
Autre facteur de soutien : la politique monétaire accommodante de Bank Al-Maghrib. Après deux baisses du taux directeur en 2024, les investisseurs scrutent désormais la possibilité de nouvelles réductions cette année, un élément qui jouerait en faveur du marché actions en maintenant un environnement de taux bas.
Dans ce contexte de marché haussier, BKGR ajuste à la baisse la prime de risque action (PRA), un indicateur clé pour l’évaluation des actifs financiers. Pour la première fois depuis l’introduction de ce calcul en 2017, le bureau d’analyse opte pour une estimation basée sur un sondage auprès des investisseurs institutionnels, plutôt que sur les modèles traditionnels.
Selon cette nouvelle méthodologie, qui prend en compte les attentes des OPCVM, des compagnies d’assurance et des caisses de retraite, la PRA s’établit désormais à 6,50%, contre 7,10% en septembre 2024. Cette baisse traduit une confiance renforcée du marché et une prime de risque mieux ajustée à une conjoncture marquée par des flux de capitaux importants et des perspectives favorables pour les entreprises cotées.
BKGR justifie cette évolution en soulignant que le marché est actuellement drivé par des éléments plus techniques que fondamentaux, rendant nécessaire un ajustement méthodologique pour capter au mieux le sentiment des investisseurs.
Autre enseignement clé de cette mise à jour : l’arbitrage entre actions et obligations évolue nettement en faveur du marché actions. Avec les deux baisses du taux directeur de Bank Al-Maghrib (-25 points de base en juin et en décembre 2024), le spread entre le dividend yield (D/Y) et le BDT 10 ans s’est réduit, passant de -106 points de base fin 2023 à seulement -35 points de base actuellement.
Dans cette configuration, si la banque centrale venait à poursuivre son assouplissement monétaire en 2025, l’avantage des actions sur les obligations se renforcerait encore davantage, consolidant la dynamique haussière du marché boursier.
Le sondage réalisé par BKGR auprès des investisseurs révèle également des prévisions optimistes pour l’année en cours :
- Une croissance économique attendue à +3,0%, légèrement inférieure aux estimations de Bank Al-Maghrib et du scénario central de BKGR (+3,9%).
- Une performance du MASI estimée à +16,5% d’ici fin 2025. À noter qu’au 17 février 2025, l’indice affichait déjà +12,67%, ce qui pourrait signaler une correction temporaire au premier semestre.
- Une hausse des bénéfices des sociétés cotées de +13,5%, un chiffre revu à la baisse par rapport aux estimations initiales (+22,7%), notamment en raison de l’impact de la provision de 4,1 milliards de dirhams passée par IAM en 2024.
Au final, BKGR souligne que l’engouement actuel pour le marché actions marocain repose sur des perspectives solides, à la fois en raison des anticipations de flux de capitaux, du soutien monétaire et de la dynamique économique en cours. Si la tendance se maintient, la Bourse de Casablanca pourrait bien enregistrer une nouvelle année exceptionnelle.