Le Masi signe un semestre historique, porté par un appétit boursier solide malgré les incertitudes mondiales. L’indice phare de Casablanca s’envole de près de 24% sur les six premiers mois de 2025, sa meilleure performance semestrielle depuis près de deux décennies.
Le Masi vient de boucler la première moitié de 2025 sur un rythme que l’on n’avait plus vu depuis près de vingt ans. À +23,85%, l’indice phare de la Bourse de Casablanca termine le semestre à 18.296,6 points, porté par un appétit boursier qui a tenu bon malgré un climat mondial instable.
On aurait pu croire que le retour des tensions commerciales américaines en avril, avec Trump à la manœuvre, ou l’escalade dramatique entre l’Iran et Israël en juin, auraient coupé l’élan. Rien de tout cela. Les investisseurs ont traversé les turbulences, parfois en repliant légèrement les voiles, mais sans quitter le navire.
Résultats pour les autres indices de la place : le MASI.20, qui regroupe les valeurs les plus liquides, affiche +25,42% à 1.496,29 points. L’indice ESG gagne 22,56%, le Mid and Small Cap avance de 15,19%. Tout le marché a progressé, mais à des vitesses différentes selon les secteurs.
Sectoriellement, certaines hausses donnent le tournis. Le secteur “BTP” bondit de… 260,24%. L’électricité progresse de 108,96%, les mines de 70,72%. À l’opposé, le transport (-14,95%) et les boissons (-14,03%) restent scotchés au sol, pris par des vents contraires sectoriels.
Du côté des valeurs, on retrouve le phénomène Stroc Industrie en haut du tableau avec +491,56%, suivie de Fenie Brossette (+289,81%), Stokvis Nord Afrique (+267,62%) et S.M Monétique (+169,36%). Les replis restent rares et limités : Rebab Company (-24%), SBM (-18,01%) ou encore CTM (-14,95%).
Les flux sont fournis : plus de 65,39 milliards de dirhams échangés sur le semestre (Vs. 41 milliards au 1er semestre 2024), dominés par Attijariwafa bank (6 Mds de DH), TGCC (4 Mds de DH) et Marsa Maroc (4 Mds de DH). La capitalisation boursière dépasse désormais 959 milliards de dirhams, s’approchant à nouveau des niveaux psychologiques symboliques.
Comment expliquer une telle envolée ? D’abord, une croissance économique qui résiste, des bénéfices d’entreprises qui tiennent malgré les chocs, une politique monétaire accommodante qui entretient l’oxygène du marché. Ensuite, des flux d’investissements soutenus, portés par l’anticipation de la CAN 2025 et des préparatifs pour le Mondial 2030, sans oublier les chantiers d’infrastructures stratégiques qui structurent l’agenda national. s’ajoute à cela une accalmie prolongée sur le marché obligataire qui donne l’avantage aux actions.
Cette dynamique rappelle les grandes années du Masi, qui avait signé +29 % au S1 2006 et +21 % au S1 2007, d’après Serval Asset Management. Le marché avait alors surfé sur une vague longue de croissance avant le choc de 2008. Aujourd’hui, l’histoire se répète, mais dans un environnement mondial infiniment plus incertain. Car le décor reste bel est bien instable. Les risques géopolitiques sont permanents, la volatilité s’accentue, les équilibres restent fragiles. Mais pour l’instant, le marché avance, s’adapte, et continue d’attirer les flux.
Y.S