2017 sera très vite oubliée par les investisseurs qu'ils soient petits ou grands, spéculateurs ou pas. Un marché de range s'est mis en place sur les actions et cette statistique le prouve : 80% des séances de l'année se sont déroulées dans la plage de cotation traversée lors des 10 premières séances de janvier. Autant dire que c'était les seules séances excitantes sur les grosses capitalisations, sachant que les valeurs de milieu de tableau ont continué à se relayer jusqu'au dernier trimestre avant de "se ranger", elle aussi, laissant l'année se terminer sur un calme plat.
Volatilité. 2017 a été une année de range après des années 2015 et 2016 tendancielles. la volatilité est restée faible tout au long de l'année sur les indices.
Le cash est arrivé sur les actions en début d'année à travers les OPCVM, provoquant une hausse rapide de 10% des indices. Mais force est de constater que cet argent n'a pas trouvé de relais comme c'était le cas en 2016 où le marché a profité d'anticipations positives tout au long de l'exercice. Anticipations qui, en plus des arrivées de souscriptions chez les OPCVM, ont alimenté un marché tendanciel. Par contre, 2017 n'aura finalement bougé qu'au rythme des rachats/souscriptions.
Flux de cash. Ce que cache l'actif net des OPCVM
Les OPCVM actions et diversifiés ont vu leur actif net progresser de 35,82% et 39,74% au 15 décembre 2017. Une hausse qui s'explique surtout par les souscriptions, les performances de cette catégorie de fonds étant de 10,31% pour l'action et 5,47% pour le diversifié. Mais attention, souscriptions ne veulent pas toujours dire argent frais. Cette année a en effet été marquée par beaucoup de souscriptions par apports de titres, procédé qui à terme permet aux institutionnels de générer de la liquidité mais qui ne se traduit pas par des injections de cash sur les actions.
Les Tops et les flops. Un peu moins de 60 sociétés terminent l'année dans le vert, contre 50 en 2016 !
On retiendra de cette année que les banques l'ont traversé sans éclats dans un contexte de taux bas, plutôt préjudiciable pour l’activité de banque de détail. Pareil pour Maroc Telecom et les cimentiers. Surveiller les cours de ces trois secteurs était d'un ennui... Comme en 2016, le cash a profité aux entreprises qui étaient en difficulté en 2014 et en 2015 et qui, après chaque lueur d'espoir, ont vécu des rallyes qu'on aurait qualifié de surréalistes il y a 4 ans lorsque la Bourse était à l'agonie. Les détracteurs de la professionnalisation du marché ont également pu contempler comment les changements de périmètre et les stratégies expansionnistes des grands groupes solides ont été salués parfois, sanctionnés d'autres fois, lorsque de nouveaux marchés ou de nouvelles stratégies sont jugées risquées.
Les valeurs qui ont fait parler d'elles :
Snep : Du haut de ses 240% de hausse
Le titre SNEP ne dépassait pas les 100 DH un peu avant fin 2016. Quelques mois plus tard, c’est l’emballement ! La valeur se traitait sur des sommets de 700 DH, dernière fois visités en 2009. À la date du 29 décembre, SNEP enregistre une progression fulgurante de 240%. Coup de pouce de l’Etat, recommandations positives des sociétés de Bourse et réalisations financières plus que satisfaisantes : tels sont les ingrédients qui ont permis à la filiale pétrochimie du groupe Chaabi de tripler sa capitalisation en l’espace de quelques mois. À cela, s’ajoutent d’autres signaux rassurants, dont notamment la distribution de dividendes pour la première fois depuis plusieurs années.
Jet Contractors, la bonne surprise de l’été
C’est bel et bien Jet Contractors qui en a surpris plus d’un cette année. La petite capitalisation a dégagé au premier semestre 2017 un résultat net de 67,2 MDH, en hausse de 133% par rapport à la même période un an auparavant. En parallèle, le spécialiste des métiers du BTP a affiché des prévisions très ambitieuses pour la fin de l'année en cours, notamment un bénéfice à 119 MDH, en hausse de plus de 230% comparativement à 2016. Au niveau commercial, la société prévoit la réalisation d'un chiffre d'affaires de 1,25 milliard de DH. Pour accompagner ces objectifs, l’entreprise a procédé à une émission de billets de trésorerie d’un montant de 200 MDH. Sur le marché, l’effet était clair : des séances qui finissaient sur des progressions qui frôlaient les 10%, un fort engouement des investisseurs et une progression YTD de 125,75%. Récemment, le directeur de développement de la société, Nicolas Kepel, a déclaré à la presse que sur le plan fondamental, l'évolution du modèle de croissance de Jet Contractors n'est pas encore cristallisée dans le prix de l'action. Le titre apparaît donc décoté pour le management.
Alliances : le recovery porte ses fruits
Seule immobilière de la place à afficher une variation positive, Alliances a regagné les faveurs des investisseurs, et cela malgré le climat de défiance qui touche le secteur immobilier. Réduction du besoin en fonds de roulement, amélioration des ratios de dette en passant par la cession d'actifs non stratégiques, le management d’Alliances n’a pas baissé les bras pour restructurer cette boîte, après une descente aux enfers en 2015. En Bourse, la valeur affiche une hausse de 131,6% depuis le 1er janvier.
HPS : Une techno dans le groupe de tête
Derrière ces valeurs, la médaille de bronze du Masi devrait être décernée à HPS. Que ce soit en annuel ou en semestriel, la tech affiche des résultats insolents : 59 MDH de bénéfices à fin décembre 2016, en progression de près de 50%, et un résultat de 30 MDH sur les 6 premiers mois de 2017. Le Switching a d’ores et déjà porté ses fruits, après une première année de pleine activité. Parallèlement à cela, les perspectives sont encore prometteuses : «Le lancement du paiement mobile au Maroc permettra d’accélérer l’activité Switching», avait indiqué Mohamed Horani, PDG du Groupe, lors de la présentation des résultats du second semestre 2017. D’autant plus que l’activité monétique a battu tous les records cette année, comme en attestent les derniers chiffres du CMI. Résultat : en bourse, l’action HPS est propulsée vers des sommets historiques à plus de 1.600 DH, marquant ainsi une progression YTD de 112,9%.
Les thématiques qui ont déçu
À contre-courant de ces belles progressions, LafargeHolcim et Addoha n’ont pas fait bonne figure cette année.
Le titre du cimentier affiche une contre-performance de 23% depuis le début de l’année. Derrière cette baisse se cachent plusieurs facteurs : des résultats mitigés, un contexte sectoriel défavorable, couplé à une hausse du coût énergétique (petcoke). Au terme du premier semestre, le Groupe enregistre des bénéfices en baisse de 22% (966 MDH).
Addoha affiche depuis début janvier une décote de 22%. Le Groupe a récemment publié l’état d’avancement de son PGC, faisant ressortir un désendettement net de 3,4 milliards de DH, fixant sa dette nette à 5,9 milliards de DH, soit un gearing de 31,5% (l’un des plus faibles du secteur). En termes de cash, Addoha est parvenue à réaliser une collecte de plus de 23,6 Mds de DH sur la période du PGC, dont 15,1 Mds de DH sur le segment économique et moyen standing. Le Groupe est parvenu à concrétiser en grande partie les objectifs de son Plan et préparer en conséquence l'après-PGC. Il a d’ailleurs promis de communiquer sur sa nouvelle vision stratégique avant la fin d’année. Le marché n’a pourtant pas était clément. Dès leur publication, ces réalisations ont été sanctionnées. Les cours ont par conséquent fléchi de plus de 6% les séances suivant l’annonce.
Correcte mais très irrégulière : ainsi pourrait être qualifiée la performance de la Bourse de Casablanca en 2017.