Le prix du pétrole suit la même tendance qu'en 2018. Il se négocie actuellement à 74 dollars, au-dessus de 71 dollars, sa moyenne en 2018. La demande reste soutenue alors que les effets d'offres sont neutres depuis le début de l'année, explique l'économiste Philippe Waechter. A court terme, la réactivation des sanctions contre l'Iran s'est traduite immédiatement par un équilibre différent des fondamentaux et un prix plus élevé, nettement remarqué cette semaine.
Si pour la majorité des pays importateurs, une hausse du prix du pétrole se traduit par une baisse du pouvoir d'achat, tous n'ont pas des sensibilités identiques.
Pour Noufle Aouragh, analyste financier chez la société de Bourse M.S.IN., «l’économie nationale s’avère plus sensible à la hausse des prix à l’international qu’à la baisse. Cette sensibilité se constate au niveau de deux indicateurs macroéconomiques, à savoir la balance commerciale et l’inflation». L'analyste rappelle qu'au niveau de la balance commerciale, la flambée de l’or noir pèse lourdement sur la facture énergétique du Royaume, ce qui devrait engendrer "une aggravation du déficit commercial".
«Parallèlement, depuis la libéralisation totale des prix des hydrocarbures au 1er décembre 2015, le prix de vente à la pompe est désormais lié à l’évolution des cours de pétrole à l’international. Concrètement, une éventuelle hausse du prix du pétrole pourrait entraîner une diminution du pouvoir d’achat et une accélération de l’inflation», poursuit-il.
Les secteurs à risque
Outre ces effets macro qui peuvent limiter les flux destinés aux marchés financiers, la hausse du pétrole peut peser directement sur la profitabilité des entreprises. Noufle Aouragh nous confie que «dans le cas d’une hausse au-dessus de ce niveau, les marges de quelques sociétés cotées seront susceptibles d’être négativement impactées».
Pour lui, «cette flambée de prix devrait impacter négativement en premier lieu les compagnies pétrolières nationales». Rappelons que Total Maroc avait d'ailleurs indiqué dans sa dernière communication financière, relative à l'exercice 2018, avoir constaté «un repli des marges à cause de la forte hausse des cours du pétrole au cours des 10 premiers mois de l'exercice écoulé».
Pour Aouragh, après les compagnies pétrolières, ce sont «les sociétés du secteur du ciment, du transport et de la chimie, et qui utilisent des produits pétroliers dans leurs activités», qui sont les plus concernées.
Même lecture pour un gestionnaire d'actifs qui préfère nous renvoyer à la période 2012 - 2014, où les cours du pétrole étaient durablement au-dessus de 100 dollars. «C'était une période suffisamment longue pour pousser les industriels à adopter des mesures structurelles pour limiter leur dépendance et améliorer leur efficacité énergétique». Le secteur du ciment, par exemple, a fortement réduit sa dépendance au fuel, fait-il remarquer. Notre interlocuteur estime que pour l'instant, le pétrole en est encore au stade de «sujet à surveiller de près».
A.H