Les stratégistes d'Attijariwafa bank ont consacré une bonne partie de leur dernier document de recherche au volet sanitaire de la crise. Ce travail montre à quel point les indicateurs de santé se sont imposés comme critères importants dans les modèles des analystes. Ils écrivent dans cette note qu'"Une courbe aplatie émet deux signaux positifs". On ne parle pas ici de la courbe des taux sur le marché primaire -dont l'aplatissement est plutôt un signal négatif en théorie soit dit en passant - mais bel est bien de la courbe d'infections au Covid-19.
Lisser le pic...
"Il est important de souligner que l’objectif prioritaire des gouvernements est l’aplatissement de la courbe des infections. Ainsi, le nombre de contaminés sera étalé dans le temps ce qui permettrait un allègement des pressions sur le système sanitaire du pays et par conséquent, une meilleure prise en charge des patients", écrivent les analystes.
Le pays pourra envisager à ce moment-là un éventuel plan de « déconfinement » permettant un redémarrage progressif de son activité économique. Les analystes scrutent ainsi le pic qu'ils espèrent le plus aplati possible.
...Et scruter l'évolution en Europe
"Pour le cas du Maroc, il nous semble intéressant de le comparer aux pays européens", écrit AGR. D’une part, ces pays sont, avant tout des partenaires économiques importants". Par conséquent, nous ne pouvons pas envisager un retour à la normale de l’activité économique au Maroc sans que l’Europe n’émette des signaux positifs dans ce sens".
D’autre part, l’Italie, l’Espagne et la France suivent plus ou moins la même courbe avec 8 à 10 jours de retard. Dans ce sens, la configuration de leur courbe serait en avance par rapport à celle du Maroc de quelques semaines.
Déconfinement : rien n'est encore acquis
Le prolongement de l'état d'urgence d'un mois et la fixation de la date du 20 mai comme date limite de cette situation exceptionnelle ne semble pas offrir plus de certitudes aux stratégistes de la banque d'affaires. "Nous pensons qu’il est encore prématuré de prévoir une date crédible de sortie définitive du confinement. Ce constat est valable autant pour les pays européens que pour le Maroc", écrivent-ils.
L’allure des courbes des pays européens retenus affiche un net fléchissement et ce, après plusieurs semaines de fortes hausses. Toutefois, poursuit AGR, "les gouvernements seraient davantage dans une optique de prolongement de la durée du confinement et ce, dans l’attente d’une confirmation de l’aplatissement de la courbe".
Actuellement, les gouvernements n’évoquent pas un « déconfinement » au sens strict du terme, mais plutôt un « processus de déconfinement ». Ce dernier devrait s’opérer progressivement en fonction des spécificités de chaque pays ;
"Le fléchissement des courbes des pays européens constitue un signal positif pour le Maroc dans la mesure où celui-ci affiche un retard de deux à trois semaines. Dans ce sens, le Royaume adopte une approche prudente en prolongeant la durée du confinement d’ 1 mois, soit au 20 mai 2020".
Source : AGR
En attendant un traitement ou un vaccin efficaces, le marché devra donc garder les yeux rivés sur la courbe des cas au Maroc et chez nos partenaires économiques.