Le gouvernement entend maintenir en 2026 un recours ciblé aux financements innovants.
Le ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaa, a défendu, lors des discussions du projet de loi de finances 2026 au Parlement, le recours aux financements innovants comme outil de gestion active du patrimoine public et non comme une privatisation déguisée. « Ce ne sont pas des privatisations », a-t-il martelé. « L’État dispose d’actifs qu’il peut monétiser pour en financer de nouveaux, tout en continuant à les exploiter moyennant un loyer. Après une période donnée, il récupère ses actifs et peut à nouveau les mobiliser ou les conserver. » Selon le ministre, les premières opérations de ce type ont été lancées en 2019 et illustrent un cercle vertueux : « Aujourd’hui, grâce à un CHU, nous pouvons financer la construction d’un nouveau CHU », a-t-il souligné, avant d’ajouter sur un ton ironique, commentant le débat politique autour de cette pratique que l'opposition décrit comme des privatisations cachées : « Un citoyen qui se présente au CHU cherche-t-il à se faire soigner ou souhaite-t-il voir le titre foncier de l’établissement ? » Lekjaa a rappelé que l’État a toujours loué des locaux pour ses administrations, estimant que ces opérations ne constituent « en rien une rupture ». Cette année, les loyers versés dans le cadre de ces montages atteignent 7 milliards de dirhams, a-t-il précisé.
Une baisse programmée dès 2026
Le projet de loi de finances 2026 prévoit la mobilisation de 20 milliards de dirhams de financements innovants, contre 34 milliards budgétisés en 2025. Cette contraction, selon Lekjaa, traduit la volonté du gouvernement de réduire progressivement ce mode de financement à mesure que les recettes fiscales offrent davantage de marges de manœuvre. « À chaque fois que les recettes fiscales le permettront, l’État réduira le recours aux financements innovants », a-t-il affirmé. « Si la dynamique actuelle se maintient, le prochain gouvernement n’aura probablement pas à recourir à ces opérations à partir de 2027. »
Un dispositif à encadrer, selon Bank Al-Maghrib
Cette orientation rejoint les propos du Wali de Bank Al-Maghrib, tenus lors du Conseil de septembre. Abdellatif Jouahri avait insisté sur la nécessité d’encadrer ces montages et d’en faire un outil temporaire. « On verra ce que nous réserve la prochaine loi de finances, mais vraisemblablement, dans la programmation triennale 2026-2028, ce montant devra diminuer », avait-il déclaré, ajoutant : « On aurait dû les encadrer. »
Le Wali avait néanmoins reconnu l’utilité de ces instruments, validés par le Fonds monétaire international (FMI) comme recettes effectives, pour notamment répondre à des besoins exceptionnels liés à la crise sanitaire, au tremblement de terre et aux années de sécheresse.