Les OPCVM contribuent de manière significative aux échanges sur les marchés de capitaux, et génèrent plusieurs milliards de dirhams de souscriptions et de rachats chaque semaine. Analyse.
Avec ses 28 ans d’existence, l'industrie de la gestion d’OPCVM joue un rôle central dans le développement du marché financier marocain. Sa croissance fulgurante au fil des années ne passe pas inaperçue. Lors d’une conférence organisée par la profession sous le thème "La gestion d’actifs, vecteur de mobilisation de l’épargne pour un meilleur développement en Afrique", Mostafa Hassani, vice-président de l'ASFIM et directeur général de Valoris Management, a établi une radioscopie de ce secteur en plein essor.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : l’actif net géré par les sociétés de gestion s'élève quelque 550 milliards de dirhams, soir la moitié du PIB national. Les OPCVM génèrent plusieurs milliards de dirhams de souscriptions et de rachats chaque semaine et contribuent à plus de 30% des volumes échangés sur les marchés de capitaux. L’épargne mobilisée de la gestion de ces organismes de placement représente 45% des dépôts bancaires…
Plus encore, cette industrie joue un rôle vital dans le financement de l'État marocain. Mostafa Hassani l’a d’ailleurs bien expliqué :«l’industrie de la gestion des OPCVM est inévitablement importante pour le développement économique du pays ; notamment en contribuant au financement de l’État Marocain puisque nous détenons près de la moitié de l’encours des BDT émis par le Trésor».
Pour lui, l’influence de la gestion d’actifs ne se limite pas là. Cette industrie est également un moteur majeur du marché boursier marocain, avec une part substantielle de 40% des échanges à la Bourse de Casablanca. De plus, ces fonds représentent plus d'un tiers des bilans des banques marocaines, ce qui démontre leurs impact et poids sur le système financier du pays.
Toutefois, la gestion d’OPCVM au Maroc reste dominée par les produits à taux. «Actuellement, 45% des OPCVM sous gestion sont des fonds obligataires à moyen et long termes, tandis que 35% sont des OPCVM monétaires. Le reste se compose d'OPCVM actions et diversifiés», indique Hassani.
L'une des particularités les plus marquantes de cette industrie est la prudence avec laquelle les stratégies sont déployées. Cette prudence est en grande partie due au fait que 75% des encours gérés sont détenus par des institutionnels. Cette approche répond aux besoins spécifiques en termes de risque et d'horizon de placement de ces acteurs institutionnels.
Attirer plus de particuliers
Bien que 62 milliards de DH ont été souscrits en OPCVM en 2023, l'un des défis majeurs de l’industrie réside aujourd’hui dans l’augmentation du nombre relativement faible des investisseurs particuliers en OPCVM. «Ces investisseurs ne représentent que 7% du total, un chiffre inchangé depuis une décennie, alors qu'il y a eu des années florissantes où leur présence dépassait les 15%, en particulier pendant les périodes de privatisations», précise le VP de l’Association. Notons que les OPCVM ne comptent globalement que 30.000 investisseurs sur le marché au total.
Attirer davantage de petits porteurs et de particuliers est donc essentiel pour dynamiser davantage la gestion d’OPCVM et lui assurer un avenir prospère. En plus des investisseurs particuliers, il est clair que le secteur de la gestion d'actifs au Maroc doit relever plusieurs défis majeur pour préserver son attrait sur les années à venir : La digitalisation et l’avènement des fintech, les objectifs de développement durable, la nécessité d’innover continuellement, et le défi de la compétence qui impose aux gestionnaires une formation continue pour s’adapter aux changements, ainsi que la nécessité d’une mobilisation plus importante de l’épargne et des réseaux bancaires, en sont les principaux.
Au final, l'industrie de la gestion d'actifs au Maroc, en raison de sa croissance impressionnante, occupe une position centrale dans le financement de l'État, la dynamique des marchés boursiers et le développement économique global. La refonte du cadre juridique entourant la gestion d'actifs, notamment grâce à la nouvelle loi sur les OPCVM, représente un bond en avant significatif qui insufflera sans doute une nouvelle énergie au marché financier.