Plusieurs relais de croissance devraient soutenir à la fois les volumes de vente et les marges dès cette année.
"2023 a été une année assez compliquée pour Sonasid, mais 2024 et les années à venir s'annoncent sous de bons auspices", c'est ainsi qu'Ismail Akalay, Directeur général du sidérurgiste national, résume la situation d'emblée lors d'une conférence de presse ce mardi à Casablanca. "Les projets annoncés dans le royaume sont nombreux et Sonasid est tout à fait prêt pour les accompagner. Nous avons également une grande ambition d'augmenter nos exportations, notamment de fibre d'acier. Nous l'avons fait en 2023 au Canada, en Europe, aux Émirats arabes unis, en Afrique du Sud et dans d'autres régions... et nous allons continuer à développer notre portefeuille de produits à haute valeur ajoutée pour soutenir cette croissance", promet-il.
Il faut dire que le groupe a connu une année 2023 marquée par des prix bas qui ont impacté significativement ses marges. Mais le groupe a pu contenir tout cela grâce à une plus grande efficacité opérationnelle et au mix produit qui génère bel et bien des effets qui amortissent la morosité ambiante. Pour le comprendre, il faut décomposer les marges et les expliquer. Un exercice auquel se sont attelés tour à tour Assia Baraka, Directrice Commerciale, Marketing et Communication, et Youssef Hbabi, Directeur financier du groupe : En 2023, Sonasid a pu augmenter ses volumes de vente de 9% dans un marché qui est resté plutôt stable, comme en attestent les volumes de ciment écoulés en 2023. Cet effet volume a généré à lui seul 60 MDH de marges additionnelles. Mais les prix de vente ont baissé, sous la pression des exportations chinoises qui ont explosé de 36% et inondé toutes les régions de la planète. Le management chiffre à 176 MDH l'impact négatif de la baisse des marges sur les résultats, effaçant complètement les gains sur les volumes. Mais cet effet a été contré par la diversification annoncée, avec notamment la fibre d'acier et une stratégie ambitieuse dans le recyclage qui génèrent respectivement 18 et 14 MDH de marges, la performance opérationnelle - le groupe étant dans le top 3 des filiales d'ArcelorMittal dans le monde en la matière - génère 49 MDH de marges. Pour le reste, le groupe a pu compter sur sa bonne structure financière pour limiter la baisse du résultat à 42 MDH.
Les relais de croissance à horizon 2028
Le marché de la construction dans le Royaume connaît un rebond important qui devrait profiter à l'acier, matériau clé que l'on retrouve dans tous les chantiers, allant de l'infrastructure à l'habitat. Le groupe s'est greffé à cette perspective en présentant un nouveau plan stratégique à horizon 2028. À court terme, la demande devrait être soutenue par le programme de reconstruction d'Al Haouz et les aides au logement qui relancent la production immobilière. Les préparatifs pour la Coupe d'Afrique 2025, notamment à travers l'extension de 6 stades et la mise à niveau du Stade Mohammed V de Casablanca, sont également cités comme relais de croissance. À cela s'ajoutent les projets d'infrastructure hydrauliques (stations de dessalement, barrages, etc.) et les autres projets structurants comme les nouvelles zones industrielles, les extensions de LGV, le renouvelable, les préparatifs pour le mondial, etc. Assia Baraka explique que la demande sur les projets d'infrastructures se fait déjà ressentir, notamment dans les infrastructures sportives, les ports et les projets hydrauliques. Elle devrait s'accélérer dans la construction et l'immobilier à partir du deuxième semestre, qui serait plus propice à la croissance, les périodes de Aïd El Fitr et Aïd Al Adha étant toutes les deux au premier semestre cette année. La responsable préfère faire preuve d'une grande prudence et nous indique qu'elle prévoit une hausse de la demande de 3% grâce à ces chantiers. Un chiffre qui devrait toutefois sûrement être revu à la hausse en deuxième partie de l'année de son avis même. "Premier partenaire des grandes infrastructures du Maroc avec une capacité de production de plus de 1,1 million de tonnes, le groupe est bien armé pour accompagner les grands chantiers du Royaume", rappelle Yassir Hmidouch, Directeur des opérations du groupe.
Les nouveaux produits
"Nous avions promis au marché de lancer chaque année un nouveau projet à valeur ajoutée pour être moins dépendants des matières premières et c'est ce que nous faisons. Après la fibre d'acier et l'acier vert, nous nous lançons dans le fil précontraint", nous confirme Ismail Akalay qui ne compte pas uniquement sur la hausse de la demande pour générer de la croissance. Selon lui, cette offre à haute valeur ajoutée est un élément clé pour mettre Sonasid dans une trajectoire de croissance durable. Noureddine Rais, Directeur Stratégie, Supply Chain et Systèmes d'Informations, explique que ce nouveau projet a nécessité 7,5 millions d'euros (presque 77 MDH) d'investissements et devrait entrer en production au dernier trimestre 2024. Selon lui, le fil précontraint est très demandé dans la construction. Aujourd'hui, 100% de ce produit sont importés par les acteurs du BTP. Nous allons donc leur proposer un produit de substitution. Parallèlement, le groupe avance plus vite que prévu sur son projet d'acier destiné à l'automobile avec de premières livraisons à des constructeurs automobiles allemands. Pour le management, c'est une bonne référence pour adresser d'autres constructeurs.
Une plus grande génération de cash
La baisse des résultats en 2023, due à la compression des marges, a masqué les avancées du groupe dans la génération d'un cash flow opérationnel plus important malgré le contexte de marché. En effet, selon Youssef Hbabi, Directeur financier du groupe, les flux opérationnels se sont élevés à 235 MDH en 2023, contre 167 MDH en 2022. Cette amélioration permet de soutenir la nouvelle politique de distribution de dividendes du groupe, devenue régulière avec le nouveau management, tout en permettant des investissements de l'ordre de 100 MDH par an. De quoi préserver le trésor de guerre de Sonasid : une trésorerie excédentaire massive (756 MDH à fin 2023) qui est destinée, en fin de compte, à être investie dans des projets à fort taux de rendement interne (TRI), autour de 30% selon Youssef Hbabi. Ainsi, le taux de distribution de dividendes (payout) a atteint 104% cette année, un effort qui se veut un signal de respect des engagements en matière de dividendes.
A.H