BRUXELLES (Reuters) - La Commission européenne a ajouté entre autres l’Arabie saoudite, le Panama et le Nigeria à sa liste noire des pays dont les dispositifs de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme sont jugés insuffisants.
L’initiative avait été approuvée en janvier, en dépit des réserves de plusieurs Etats membres, dont la Grande-Bretagne, qui craignent qu’elle n’affecte leurs relations commerciales, en particulier avec Ryad.
L’Arabie saoudite a dit regretter la décision de la Commission, soulignant son “engagement à lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme constitue une priorité stratégique”.
“Nous allons continuer à développer et améliorer notre appareil législatif afin d’atteindre ce but”, est-il ajouté dans le communiqué du ministre saoudien des Finances.
Le Panama a assuré quant à lui qu’il disparaîtrait prochainement de la liste noire du fait des mesures de lutte contre le blanchiment qu’il a adoptées récemment.
Outre le préjudice en termes d’image, l’inscription sur la liste contraint les banques et les instances soumises aux règles de l’UE à procéder à des contrôles renforcés des opérations financières impliquant des pays qui y sont inscrits, ce qui complique les transactions avec les Vingt-Huit.
La liste, sur laquelle figuraient jusqu’ici 16 Etats et entités juridiques, en compte désormais 23.
En plus de l’Arabie, du Panama et du Nigeria, la Libye, le Botswana, le Ghana, les Samoa, les Bahamas et quatre territoires rattachés aux Etats-Unis (Samoa américaines, Îles Vierges américaines, Porto Rico et Guam) y ont été ajoutés. Bosnie-Herzégovine, Guyana, Laos, Ouganda et Vanuatu ont en revanche été rayés.
Les autres Etats mentionnés sont l’Afghanistan, la Corée du Nord, l’Ethiopie, l’Iran, l’Irak, le Pakistan, le Sri Lanka, la Syrie, Trinité-et-Tobago, la Tunisie et le Yémen.
Les Etats membres de l’UE disposent désormais d’un mois pour approuver la liste, mais le délai est extensible à deux mois. Elle peut être rejetée à la majorité qualifiée. L’Allemagne a déjà fait savoir qu’elle approuvait l’inscription de l’Arabie.
Cinq des pays énumérés figurent également sur la liste européenne des paradis fiscaux de l’UE. Il s’agit des Samoa, de Trinité-et-Tobago et des trois territoires américains des Samoa, de Guam et des Îles Vierges.
L’absence de plusieurs pays impliqués dans des scandales de blanchiment d’argent a suscité de vives réactions.
“Certaines des plus grandes machines à laver l’argent sale manquent toujours à l’appel. C’est le cas de la Russie, de Londres et de ses territoires offshore, ainsi que de l’Azerbaïdjan”, a déploré le député écologiste Sven Giegold, membre de la commission spéciale du Parlement européen sur la criminalité financière.