La Banque centrale européenne a acheté en mai une proportion record de titres souverains allemands à rendement négatif, montrent des données publiées mardi, donnant à penser que la BCE commence à manquer d'actifs rémunérateurs à acquérir dans le cadre de son vaste programme de soutien monétaire à l'activité dans la zone euro.
Ces pertes prévisibles pour la BCE devraient renforcer les appels en Allemagne en faveur d'un abandon progressif du programme de rachats d'actifs mis en oeuvre par l'institut de Francfort pour un montant qui pourrait atteindre au final 2.300 milliards d'euros.
Le conseil des gouverneurs de la BCE se réunit jeudi et devrait confirmer le maintien de ce programme d'assouplissement quantitatif (QE) au moins jusqu'en décembre.
Cette politique de rachats d'actifs a tari le marché obligataire allemand au point de contraindre la BCE et la Bundesbank, qui effectue l'essentiel de ces opérations en Allemagne, à se tourner vers des titres de court terme à rendement négatif pour atteindre leur objectif mensuel.
La maturité moyenne des obligations du secteur public allemand acquises par ces deux instituts en mai a été de seulement quatre ans, la plus faible depuis le lancement effectif du QE en mars 2015.
Cela signifie que leur rendement sera probablement d'environ -0,58% aux prix pratiqués mardi, ce qui représente pour la BCE et la Bundesbank la garantie d'une perte qui ne sera pleinement couverte par les recettes tirées du taux de dépôt négatif de -0,4% qu'elles imposent aux banques sur leurs réserves excédentaires de liquidités.
La Bundesbank a constitué des réserves pour couvrir des pertes éventuelles sur des titres achetés dans le cadre du programme instauré par la BCE. Si elle devait avoir besoin de capitaux supplémentaires en cas de pertes plus importantes, l'argent devra être prélevé sur le contribuable allemand.
Au-delà des contraintes du marché, la BCE enfreint un certain nombre de règles qu'elle a elle-même édictées.
Ses achats de titres portugais sont ainsi tombés en mai à un plus bas record de 504 millions d'euros, moins de la moitié de ce que ses règles prévoient, alors qu'elle s'efforce de ne pas dépasser le plafond du nombre de titres qu'elle peut détenir par pays.