Jeudi 31 Mars 2022

Pétrole: l'Opep+ sous pression mais pas de changement en vue

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 Les pays producteurs de pétrole de l'Opep+, qui se réunissent jeudi, devraient encore maintenir leur stratégie d'ouverture très timide de leurs vannes d'or noir, malgré la pression occidentale pour calmer la volatilité des prix en pleine guerre en Ukraine.
 


Les treize membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), menés par Ryad, et leurs dix alliés conduits par Moscou vont probablement augmenter une nouvelle fois le niveau total de production de quelque 400.000 barils par jour pour le mois de mai, de l'avis des analystes.

"L'Opep+ a surpris les marchés à plusieurs reprises lors de ses réunions mensuelles, mais le scénario de base, pour l'instant, est que le statu quo sera maintenu", prévoit Stephen Innes, analyste chez SPI Asset Management.

Les débats de l'alliance ont débuté par des discussions techniques au sein du Comité ministériel conjoint de suivi (JMMC) peu après 13H20 (11H20 GMT) à Vienne, siège du cartel, avant la rencontre plénière par visioconférence, selon une source proche de l'organisation.



Les attentes sont pourtant immenses, le pétrole ayant tutoyé le 7 mars ses records historiques de prix atteints lors de la crise financière de 2008, dépassant les 130 dollars le baril. Depuis, les cours ont dévissé de leurs sommets.

Vers 11H30 GMT, le Brent de la mer du Nord, référence de l'or noir en Europe, chutait de 5,69% à 107,00 dollars le baril, quand le WTI américain cédait quasiment autant à 101,90 dollars, réagissant à des informations de presse sur un possible recours massif aux réserves stratégiques américaines.

La Maison Blanche devrait annoncer jeudi un plan pour y puiser jusqu'à un million de barils par jour, selon l'agence Bloomberg citant des sources proches du dossier.

"La nouvelle frappe le marché le jour même où l'Opep+ doit discuter de son plafond de production, et lui donne une raison de ne pas le relever", estime Bjarne Schieldrop, analyste chez Seb.

"Au total, jusqu'à 180 millions de barils devraient être sortis des réserves, ce qui serait sans précédent", détaille Carsten Fritsch, analyste pour Commerzbank. Si ce déblocage se produit effectivement, "le marché pétrolier ne serait plus sous-approvisionné".

Un possible changement total de paradigme, car la guerre a fait craindre des ruptures de livraisons du pétrole russe et provoqué une volatilité extrême des cours.



Mais pour l'Opep+ qui a vu le jour en 2016 dans l'optique d'une régulation du marché, la récente flambée "est principalement due à des risques géopolitiques, et non à une réelle pénurie de l'offre", souligne M. Fritsch.

Les appels de la communauté internationale se sont pourtant multipliés, notamment après la décision des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne d'arrêter d'importer du pétrole de Russie, deuxième plus grand exportateur de brut au monde derrière l'Arabie saoudite.

Le ministre allemand de l'Économie, Robert Habeck, avait lancé le lendemain aux pays exportateurs un "appel urgent à augmenter le niveau de production pour soulager le marché".

L'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui avait déjà qualifié de "décevantes" les décisions attentistes du cartel, a également exhorté l'Opep+ à être "du bon côté".

Même message du côté des pays du G7, tandis que le Premier ministre britannique Boris Johnson s'est rendu à Ryad.

Mais rien n'y a fait: les pays du Golfe résistent pour le moment aux demandes occidentales.

L'alliance Opep+, loin d'être déstabilisée par le conflit, apparaît plus solide que jamais. Elle est "là pour rester", a déclaré lundi le ministre émirati de l'Energie Suhail al-Mazrouei, déterminé à ne pas laisser "la politique" miner l'organisation.

Le ministre saoudien de l'Energie Abdulaziz ben Salmane a réitéré mardi son attachement à l'Opep+, arguant que si l'accord "n'existait pas, nous ne pourrions pas avoir de stabilité sur le marché de l'énergie" et "la volatilité des prix serait encore pire".

S'il a défendu la "culture" apolitique de l'Opep+, selon de nombreux experts, une intervention saoudienne sur les marchés serait perçue comme une trahison envers la Russie, l'empêchant d'user de ses exportations d'hydrocarbures pour faire pression sur les Occidentaux.

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