À l’occasion du Symposium organisé ce 10 avril à Rabat sur la réforme des Bureaux d’Information sur le Crédit (BIC), le Directeur général de Bank Al-Maghrib, Abderrahim Bouazza, a livré un plaidoyer clair pour une nouvelle ère de l’information financière au Maroc. Objectif affiché : réduire l’asymétrie d’information, fluidifier l’accès au crédit et favoriser l’inclusion financière à travers un écosystème plus ouvert, plus riche, et surtout plus fiable.
L’enjeu est de taille. Pendant longtemps, le crédit s’est décidé sur la base d’un historique bancaire classique. Mais à l’heure de l’instantanéité et de la data, ce prisme devient trop étroit. « Cette réforme consolide le système d’information sur les bénéficiaires de crédits bancaires par des données alternatives sur les habitudes de paiement », a expliqué Bouazza. Exit donc le monopole des informations bancaires. La nouvelle loi ouvre désormais le champ aux opérateurs télécoms, entreprises délégataires de services publics, fintechs et autres acteurs détenant des données pertinentes sur la solvabilité.
Cette ouverture permettra notamment de mieux évaluer les primo-demandeurs de crédit, jusqu’ici pénalisés par leur absence d’antécédents bancaires. « L’expérience a montré que l’utilisation de données alternatives, complétées par des données non structurées quand c’est possible, permet une meilleure appréciation du risque, des décisions plus rapides, et moins d’exigences en matière de collatéral », a-t-il insisté.
Une réforme catalyseur de l’inclusion financière
En ligne de mire : les TPE et les ménages, encore trop souvent exclus du financement traditionnel. Pour Bank Al-Maghrib, le rôle des BIC ne se limite plus à informer : il s’agit désormais de catalyser un « cycle vertueux du risque de crédit ». Cette ambition est soutenue par la Stratégie Nationale d’Inclusion Financière, que la Banque centrale pilote aux côtés du ministère de l’Économie et des Finances.
L’élargissement du périmètre des BIC s’inscrit aussi dans un contexte d’émergence de nouveaux acteurs non bancaires : crowdfunding, fintechs, open banking... autant de chantiers que BAM suit de près. L’open banking, en particulier, fait actuellement l’objet d’une étude en concertation avec les parties prenantes. « Cette dynamique pourrait être amplifiée et accélérée grâce à l’open banking », a confirmé Bouazza.
Un chantier structurant pour la crédibilité du Maroc
Signe que cette réforme dépasse le simple cadre technique, elle a déjà contribué à renforcer l’attractivité du Royaume. Selon Bouazza, le Maroc figure désormais à la 5e place du classement « Business Ready » de la Banque mondiale, sur un panel d’une cinquantaine de pays. De quoi renforcer la crédibilité du système financier marocain aux yeux des investisseurs internationaux.
Mais cette avancée n’aurait pas été possible sans une coopération étroite entre institutions. Le DG de BAM a salué le travail commun avec la SFI, les bailleurs de fonds – notamment la Suisse –, mais aussi les ministères concernés, la CNDP, l’ANRT et la CGEM.
Au final, le message de Bouazza est limpide : la réforme des BIC n’est pas une fin, mais un point de bascule. « Le chemin des réformes se poursuit », a-t-il déclaré, invitant experts, régulateurs et opérateurs à nourrir cette dynamique collective. Car l’information financière, aujourd’hui plus que jamais, n’est plus un luxe technocratique. Elle est une condition sine qua non à la confiance, à l’investissement et à une croissance plus équitable.