Bank Al-Maghrib tient aujourd’hui sa quatrième réunion de politique monétaire de l’année 2022. Le tour de vis monétaire entamé en septembre avec une hausse de 50 pbs va-t-il se poursuivre ? Nous avons posé la question à Yassine Hmimi, Expert en Finance et en Macroéconomie, pour avoir son avis.
« L’orientation de la politique monétaire ne peut pas être dissociée du comportement de l’inflation. La stabilité des prix est un objectif capital pour une banque centrale, c’est le cas pour la BAM qui vise un IPC cible de 2% », explique d’emblée l’expert.
Cependant, rappelle-t-il, «la lecture des derniers chiffres du HCP fait ressortir une inflation de +8,1% au cours du mois d’octobre en glissement annuel ».
Taux directeur : Vers une nouvelles hausse de 50 pbs ?
« Les conséquences de cette flambée des prix, plus tenace que jamais, sont multiples. La pression grandissante du fait de l’accélération du resserrement monétaire notamment en Europe, la nécessité de protéger l’épargne face au phénomène des taux réels négatifs, la montée des incertitudes et la baisse du potentiel de croissance, la chute de la réserve de change consécutivement à la dépréciation de la monnaie nationale et à l’aggravation du déficit commercial, sont autant d’éléments qui devraient inciter la BAM à poursuivre une politique davantage Hawkish en relevant son taux directeur de 50 pbs », explique Yassine Hmimi
En septembre dernier, après un premier relèvement de 50 pbs, Abdellatif Jouahri avait chiffré l’impact de la hausse du taux directeur sur la croissance à -0,1% ou -0,2%, soit un impact limité. La même anticipation a été faite par le FMI quelques semaines plus tard dont la mission au Maroc a jugé l’impact «peu significatif » sans toutefois le chiffrer. Qu’en sera-t-il maintenant si BAM relève de nouveau son taux directeur ? Yassine Hmimi rappelle juste que « l’augmentation du taux directeur est généralement décidée pour renchérir le coût de la dette, le but ici est de rendre le financement moins accessible aux différents agents économiques en vue d’agir sur la consommation et l’investissement et par voie de conséquence sur la croissance ».
Chronologie
En mars dernier, alors que les autres banques centrales sont rentrées dans des cycles restrictives, BAM a décidé du maintien du taux directeur à son niveau de 1,5% pour continuer à soutenir l’activité économique et atténuer l’impact de l’environnement international défavorable, tout en prenant en compte le retour prévu de l’inflation à des niveaux modérés en 2023. 3 mois plus tard, BAM a décidé à nouveau du maintien du taux directeur à son niveau de 1,5%, avec une prise en compte de la nature des pressions inflationnistes, essentiellement d’origine externe, et du retour prévu de l’inflation à des niveaux modérés en 2023. En septembre, le Conseil décide de relever le taux directeur de 50 pbs à 2%, pour prévenir tout désancrage des anticipations d’inflation et assurer les conditions d’un retour rapide à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix.