Le marché des Organismes de placement collectif immobilier (OPCI) continue de marquer une croissance soutenue, comme en témoigne le dernier rapport de l'Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), relatif au premier semestre 2024. Ce secteur, encore jeune mais en plein essor, affiche de bonnes performances en termes d'actifs, de diversification et de taux d’occupation. Voici un décryptage.
Tout d’abord, à fin juin 2024, l’actif net des OPCI s’élève à 85,84 milliards de DH, soit une hausse significative par rapport à l'année précédente. Notons que ces 59 OPCI agréés, dont 50 sont effectivement gérés par neuf sociétés, illustrent une consolidation progressive du marché. En analysant cette croissance, on note également un goût prononcé pour la diversification : 38 OPCI suivent une stratégie multi-actifs, tandis que 12 se concentrent sur des typologies plus ciblées, ce qui apporte de la stabilité mais aussi une répartition plus nuancée des risques.
Par ailleurs, les portefeuilles des OPCI révèlent une nette préférence pour les bâtiments commerciaux, qui représentent 49% des actifs immobiliers, suivis des bureaux (17,1%) et des établissements de santé (8,1%). Cette répartition traduit une orientation vers les actifs à fort potentiel de rendement.
En ce qui concerne les OPCI spécialisés, ceux-ci se distinguent par des choix plus spécifiques : près de 70% de leurs actifs sont constitués de bureaux, une concentration qui reflète une gestion calibrée et ciblée sur des marchés bien stratégiques.
De plus, les OPCI affichent des taux d’occupation physique et financier impressionnants, à 96,8% en moyenne. Les bureaux, les bâtiments administratifs et les établissements de santé présentent même un taux de remplissage de 100% pour certains fonds, témoignant d’une forte demande. En revanche, d’autres types d’actifs, comme les entrepôts logistiques (51%) et les unités industrielles (49%), sont encore en quête d’un équilibre locatif.
En termes de localisation, les actifs OPCI se concentrent dans les régions de Casablanca-Settat (34%) et Rabat-Salé-Kénitra (27,3%). Ces centres névralgiques attirent l’essentiel des investissements immobiliers grâce à leur dynamisme économique. Cependant, Tanger-Tétouan-Al Hoceïma et Marrakech-Safi commencent également à se distinguer comme des pôles d’attraction futurs, avec des parts respectives de 9,8% et 7,6%, ce qui laisse entrevoir un potentiel de développement pour le secteur dans d’autres régions.
D’autre part, l'immobilier domine de manière écrasante les portefeuilles des OPCI, représentant 93,4% des actifs, avec une poche financière relativement modeste de 6,6%. Ce choix stratégique en faveur de l'immobilier s’explique par la quête de stabilité dans un environnement financier souvent volatile, où le tangible a encore la cote.
En ce qui concerne le profil des investisseurs, celui-ci reste principalement institutionnel. Les compagnies d’assurances et les organismes de retraite sont les plus actifs, pesant pour 43,3% de l’actif net des OPCI. Ensuite viennent les banques et les entreprises non financières, tandis que les investisseurs individuels demeurent peu représentés. Cela pourrait toutefois évoluer si l’offre OPCI devenait plus accessible au grand public.
En somme, le marché des OPCI marocains affiche une dynamique prometteuse, bien que des ajustements puissent renforcer son attractivité. Ainsi, le besoin de diversification des actifs, ainsi que l’élargissement de la base d’investisseurs, restent au centre des préoccupations pour les années à venir.