Vendredi 25 Septembre 2020

L'emprunt international du Maroc suscite des réactions mitigées

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Le  Maroc a émis, le 24 septembre 2020, un emprunt obligataire sur le marché financier international de 1 milliard d'euros en deux tranches de 500 millions d’euros chacune. La 1re tranche d’une maturité de 5 ans et demi est assortie d’un taux de 1,495%. La 2ème tranche d'une maturité de 10 ans est assortie d’un taux de 2,176%.


Certains opérateurs préfèrent retenir les conditions relativement clémentes dans lesquelles a été réalisée l'opération, étant donné le contexte de crise que traversent les économies du monde, quand d'autres sont moins confiants, estimant que le montant levé est inférieur aux attentes et risque d'exacerber des tensions sur le marché des taux.  

Marché des taux : Les opérateurs prudents


Si le marché primaire des bons du Trésor est relativement calme en cette rentrée, avec un Trésor qui limite les levées et des taux qui se stabilisent à des niveaux bas, le marché secondaire, lui, est toujours aussi dynamique, particulièrement sur la partie moyenne et longue. Ce comportement trahit une certaine prudence des opérateurs concernant l'orientation des taux. Ils attendaient, jusqu'à jeudi, la taille de l'emprunt international du Royaume et qui allait, entre autres, conditionner les besoins du Trésor sur le marché local pour le reste de l'année.


 Au final, le montant de la levée est inférieur de moitié aux attentes du marché qui a intégré depuis cet été, à tort ou à raison, une levée potentielle de 2 Mds de dirhams dans ses anticipations. Pour certains gérants obligataires consultés, cela risque de créer des tensions à la hausse sur les taux.


Et si le montant fait grincer des dents, les conditions, elles, sont jugées plutôt «raisonnables» par plusieurs opérateurs. Il faut dire que le contexte est particulièrement difficile marqué par des incertitudes liées à l'évolution de la pandémie et à son impact sur la qualité du crédit des émetteurs. Le Maroc n'échappe pas à la règle et connaît une détérioration marquée de ses indicateurs macroéconomiques et donc de sa signature. Bank Al-Maghrib vient en effet de revoir à la baisse ses perspectives de croissance et de déficit pour 2020 pour la deuxième fois depuis mars. Le déficit public devrait atteindre un sommet de 7,9% du PIB et le déficit du compte courant connaîtrait une forte hausse à 6% du PIB et qui résulterait du recul des recettes touristiques.

Malgré cela, les conditions de l'emprunt n'ont pas connu un glissement majeur. A titre de comparaison, un pays comme le Mexique a réalisé une émission similaire, en septembre, portant sur 750 millions d'euros sur 7 ans, à un taux de 1,6%. Le 5 ans et demi du Maroc est, lui, assorti d'un taux de 1,495% et le 10 ans d'un taux de 2,176%, ce qui nous place dans la même fourchette que ce pays.

L'Egypte a réalisé une méga-sortie en plein milieu de la crise sanitaire, en mai, mais qui était libellée en dollars. Le pays avait levé 5 milliards de dollars et avait connu un fort engouement avec un carnet d'ordres qui a atteint 22 Mds de dollars.

La demande pour l'emprunt marocain a tout juste dépassé 2,5 milliards d'euros au dernier pointage, émanant de 197 investisseurs. Le format de l'emprunt, en 144A/RegS, a permis de recevoir des souscriptions d'investisseurs aussi bien d'Europe que des Etats-Unis.

 

En novembre 2019, la demande a dépassé 5,5 Mds d'euros pour l'eurobond marocain. Mais 2019, c'était le monde d'avant Covid19.


A.H

 

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